Métier: restauratrice de tableaux
Ayant découvert fortuitement il y a quinze ans la restauration de tableaux, Zeina Fawaz se donne avec passion et détermination à ce métier exigeant et pointu qui demande autant de dextérité que de connaissances approfondies en matière d’art.
De retour à Beyrouth après quelques années passées en Arabie Saoudite, Zeina rencontre un ami qui lui communique cette passion pour la restauration d’icônes et de peintures. «Cela s’est fait par hasard. Étant lui-même docteur en restauration et en histoire de l’art ainsi qu’antiquaire, il cherchait quelqu’un qui puisse prendre en charge l’atelier de restauration qu’il avait mis en place, pour se concentrer sur le volet acquisition et vente de sa galerie d’art. Donc il a proposé de m’initier à ce métier, alors que je n’y connaissais rien.»
Cela a nécessité sept ans de formation, consolidée par un cursus en histoire de l’art. «Ces études sont essentielles, elles m’ont beaucoup aidé à saisir le sujet scénographique qui se dégage de la toile, relatif à chaque période. Connaître les différentes époques picturales, savoir quelles sont les méthodes utilisées par les peintres, chaque école ayant sa technique propre… des composantes importantes qui permettent de se mettre dans la peau de l’artiste, afin de pouvoir accomplir un bon travail.»
Un métier tout en subtilité
C’est un métier de longue haleine qui nécessite beaucoup de patience, il faut passer quelques heures de suite devant la toile, étant donné que le travail ne peut être interrompu. «Je travaille avec une lampe infrarouge afin de remarquer tous les détails et éviter les erreurs, puis j’effectue des essais avant d’adapter le produit adéquat pour restaurer, combler, maquiller. Je scrute les déchirures, les craquelages, je vérifie le rentoilage ou s’il existe une éventuelle couche restauratrice dissimulée, antérieure…»
Pour éviter ce genre d’incidents et protéger ses peintures, il est recommandé de les éloigner des sources de chaleur comme les chauffages ou le soleil, ainsi que des airs climatisés extrêmes. «Il est conseillé d’installer des bandes 3M sur les vitres afin de filtrer au maximum les rayons du soleil.»
Zeina explique qu’il existe deux approches en matière de restauration: «L’école française, qui exige une restauration parfaite quasi imperceptible avec des coups de pinceau lisses; c’est cette technique qui est la plus fréquemment demandée au Liban. L’école italienne, quant à elle, utilise les filaments, ce qui permet en approchant du tableau, de remarquer le passage par la case restauration et le coup de pinceau apporté.»
Le procédé de nettoyage que Zeina maîtrise demande de l’habileté, il est indispensable lorsque le vernis a jauni avec le temps. En moyenne, il est recommandé d’en faire un, tous les vingt ans, afin de raviver les couleurs. «Chaque vernis est composé de produits différents; il m’arrive de réaliser moi-même les mélanges. Chaque toile nécessite l’application d’une formule sur mesure, dépendamment de la peinture et du support utilisés. Ce qui est difficile, c’est lorsque le tableau a été restauré par-dessus la saleté incrustée dans les sillons de la peinture…»
E.T.