Sans oublier le clin d’œil au fameux Salon d’Automne, rendez-vous annuel du Musée durant de nombreuses années, présent lui aussi pour rappeler la vocation première de ce lieu magique légué par feu Nicolas Sursock.
160 ANS DE BEYROUTH, VILLE FASCINANTE
Plus qu’un coup de neuf, c’est un musée dépoussiéré qui vit sa vraie renaissance. Il reste l’écho d’un passé glorieux mais enfile des atouts avant-gardistes, promoteurs de rendez-vous artistiques et culturels incontournables. Équipé d’un amphithéâtre, d’une bibliothèque et médiathèque dignes des grands musées internationaux, le palais de Nicolas Sursock se rapproche désormais bien plus d’un musée que d’une maison.
L’exposition temporaire inaugurale «Regards sur Beyrouth: 160 ans d’images» qui se tient jusqu’au 11 janvier 2016 et qu’il est possible de visiter en solo ou durant une visite guidée, est un vrai hommage à Beyrouth, un bain de nostalgie pour ceux qui l’ont connue avant les grands bouleversements urbains. Et «pour les plus jeunes, la possibilité de découvrir leur histoire face à l’amnésie générale dans le pays», explique à la presse Tarek Mitri, ancien ministre de la Culture et président du comité. Avec l’équipe du musée, il a à cœur de «démocratiser la culture et attirer un public jeune». L’entrée est donc gratuite pour flâner dans ce bel espace et s’imprégner d’art et de beauté.
Prévue depuis quelques années déjà, «Regards sur Beyrouth: 160 ans d’images» a été conçue et préparée par Sylvia Agémian (ancienne commissaire d’expositions du musée Sursock), avec, notamment, l’apport de Wilmotte et Associés Architectes - Jacques Abou Khaled pour la scénographie.
L’exposition temporaire compte environ 250 œuvres entre photographies, peintures, dessins, tableaux et gravures qui illustrent l’histoire de Beyrouth et l’évolution impressionnante de son identité, tant géographique, sociale que politique entre 1800 et 1960. «Ces œuvres, rarement visionnées, appartiennent à des collections privées, dont celle de Gaby Daher, généreusement prêtées par leurs propriétaires et qui sont réunies à cette occasion», précise Zeina Arida. Beyrouth, la ville phare, est représentée par des pièces signées Aref el-Rayess, Hussein Madi, Khalil Zogheib, Amine el-Bacha et David Hockney (La Place des Canons, 1966).
Un programme public axé sur Beyrouth est prévu parallèlement. Il comprendra des marches guidées dans la ville, ainsi que des projections de films, tables rondes en présence d’artistes, architectes et chercheurs de différentes disciplines. Il y a donc la volonté d’aborder l’art sous forme thématique et «d’intéresser des audiences pas encore gagnées», poursuit la directrice. L’idée est de proposer multiples visions artistiques, inviter des curateurs et des artistes et élargir l’audience par la diversité alliée à la qualité.
Dans cet espace flexible, les panneaux mobiles coulissants confèrent une grande liberté de scénographie et d’accrochage. Celui-ci est divisé en six sections qui proposent des panoramas ainsi que des vues de l’ancien port avec les châteaux qui se dressaient à son entrée, de la ville et ses mutations jusqu’au littoral avec des arrêts à la Quarantaine, à Medawar, Zeitouneh, Minet el-Hosn, Aïn el-Mreissé et Raouché. D’autres clichés orientalistes s’étendent aux provinces et aux vergers des collines environnantes, au temps où le regard se promenait entre les dattiers, les oliviers, les toits de tuiles rouges et le bleu de la Méditerranée.
160 ans d’images défilent devant des yeux émus, dévoilant avec précision et poésie, la transformation d’une ville à la base côtière en celle captivante et cosmopolite des années 1960.
Danièle Henoud