Clooney. Évidemment.
Madame veut, d’abord, le féliciter. Même si elle ne connaît pas Amal. Elle fait confiance au bon goût de George. Et surtout au CV de la belle brune qui a fait chavirer son cœur.
Impressionnant, le parcours de cette Libanaise que la guerre a éjectée depuis sa tendre enfance à Londres. Et qui a eu la chance de grandir en Europe. Pour son plus grand bonheur! Même s’il ne fait aucun doute qu’Amal aurait pu bénéficier d’une éducation universitaire conséquente, si elle était restée là. Les universités libanaises, pour la plupart, continuent de former des cerveaux très bien faits… Et, comme les plus ambitieux des jeunes diplômés locaux, Amal, par la suite, n’aurait pas démérité. Les plus prestigieux établissements lui auraient évidemment ouvert les bras. Aussi, c’est la carrière brillante que son séjour à l’étranger lui a permis de construire qui fait la différence.
Si Amal était restée là, son parcours se serait limité au trajet qui mène au palais de justice de Beyrouth. De Tripoli. Et d’Aley, évidemment. Ses aptitudes, faute d’horizons plus larges, seraient restées en grande partie méconnues.
Passées les 30, voire 35 ans, on l’aurait taxée de vieille fille, ou du moins aurait-elle subi la pression d’une famille ou d’une société qui lui auraient seriné: «marie-toi, ma fille», sans lui laisser ni l’opportunité, ni le temps de se réaliser. Si elle avait vécu au Liban, Amal serait déjà casée. Ou pas. Elle se serait consacrée à son travail, aurait fait de la résistance. Ou capitulé, et revu ses ambitions professionnelles ou personnelles à la baisse. Sans attendre de rencontrer George. Une star, un homme qui n’a pas eu peur de sa trentaine bien entamée. Qui a succombé au même titre à son intelligence et à sa beauté…
Aussi, pour son parcours. Pour cette vie qu’elle a construite, et que George n’a fait que rejoindre et gracieusement compléter, faisant converger deux trajectoires indépendantes et brillantes, Madame veut surtout féliciter Amal. Et rêve du jour où les femmes et les hommes de son pays auront moins l’obsession du mariage comme une fin en soi, mais bien comme l’aboutissement de deux cheminements qui se rencontrent. Parce qu’Amal a existé avant George. Sans George. Et parce qu’elle existera avec lui. Parce que cette histoire d’amour moderne, cette romance actuelle est très belle. Parce que ce n’est pas du cinéma. Madame veut y croire. Et elle se prend même à imaginer qu’elle ferait bien de partir,
elle aussi. Même si, George Clooney,
lui, est déjà pris…
Mais, soudain, face à l’enthousiasme de tous ces Libanais qui se félicitent de l’entrée de ce nouveau «sohor» dans la grande famille libanaise, Madame, rattrapée par la réalité, s’esclaffe. D’un rire nerveux. Non, George Clooney ne sera pas libanais, et les enfants du couple ne détiendront pas ce passeport. Car aussi juriste renommée et redoutable que soit Amal, la loi de son pays ne lui permet pas, ni à aucune autre femme libanaise de transmettre sa nationalité à son époux étranger et aux enfants nés de cette union. Une nationalité ou une disgrâce. Pour toute femme. Pour tout homme qui respecte les femmes. Et pour tout enfant qui veut s’identifier à sa mère, et porter la même nationalité qu’elle. Pour former une belle famille libanaise.
Cette histoire a beau avoir tout du conte de fées, la scène finale «made in Lebanon», elle, est Grotesque!
L.Z.