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Mme à Beyrouth

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Vaudeville

C’était la mi-automne. Une saison où les feuilles des arbres se ramassent à la pelle. Une période de l’année où il ne se passe pas grand-chose. La rentrée est passée, et la saison des fêtes pas encore là. Madame était donc quelque peu extatique lorsque, soudain, tout fut chambardé!

Scène 1: Le rond-rond tranquille d’un mois de novembre au Liban. Un Salon du Livre francophone. Des auteurs. Des conférences. Des romans. Des essais. Et paf, un coup de théâtre. Son premier ministre aurait décidé de claquer la porte. Du gouvernement. Tout ceci via écran télé. Oui, il n’est même pas au bled. Les tenants et aboutissants de ce revirement de scénario ne semblent pas très clairs au premier abord. Madame essaye de comprendre. Mais elle n’y arrive pas. Les pires théories conspirationnistes affolent déjà Landerneau. Les scénarios catastrophe aussi: «La guerre. Israël et le Hezbollah. Le pétrole. La livre libanaise. Vite retirer son argent de la banque…»

Scène 2: Un brin fatigué son premier ministre fait une entrevue télévisée en direct d’Arabie.

Scène 3: Tout sourire, son premier ministre déjeune en famille avec Emmanuel et Brigitte à l’Élysée.

Scène 4: Il s’envole pour l’Égypte.

Scène 5: Après un crochet par Chypre, où il rencontre le président, il atterrit enfin au Liban.

Madame peut respirer…

Scène finale: On sort les drapeaux. On rappelle les foules. Les sourires sont vrais. Les larmes sincères. Les plus fidèles sont au rendez-vous. Et les imposteurs aussi. Comme toujours.

Les différents camps s’approprient, revendiquent une victoire.

Madame, elle, est fatiguée. Devant sa télé, bien enfoncée dans son gros canapé, elle a suivi tout ça de près, pendant 14 jours. Enfin, du plus près qu’elle a pu. Parce qu’il y avait aussi l’écran de son téléphone qui bipait en continu. Par WhatsApp, tous ceux qui aimaient rire de tout, et, surtout de ce qui n’est pas drôle, ont décidé d’y aller. De caricature, en blague salace, Madame ne savait plus où donner de la tête. Puis, il y a ces mails qui tombent en continu véhiculant des "fake news", et ces réseaux sociaux où les discussions deviennent vite virulentes.
Plus que les faits en eux-mêmes, déjà grandement inquiétants, ce sont bien les explications contradictoires qui ont exténué Madame. Ce déferlement d’analyses à deux balles. Ces haines. Ces reproches. Ces certitudes. Qui reflètent tant de suffisance. De toutes parts. Ces pseudos intellectuels qui blablatèrent. Ces apprentis experts qui donnent leur avis. Ces Facebook stars qui s’érigent en influenceurs, d’un mode de pensée. Puis ces likes qui véhiculent ces ignorances… en font des armes de destruction massive, et rendent son "Facebook feed" illisible.
Aussi, Madame a décidé de ne plus rien voir. De ne plus rien entendre. Elle a fermé son ordinateur et s’est déconnectée. Elle reviendra plus tard. Lorsque tout ce beau monde se sera calmé. Lorsque toutes leurs théories se seront avérées fausses. Ou vraies.
Mais parce qu’elle sait très bien qu’elle n’est encore qu’au premier acte de cette saga, qui promet encore bien des rebondissements, aussi, à tous ses amis analystes, elle donne un conseil: «Profitez de cette pose pour vous reposer.» Madame promet de les rappeler pour commenter le prochain tremblement de terre politique au Liban. Qui ne saurait tarder. Sûrement. Mais d’ici là, elle aimerait que chacun aille vaquer à ses soucis quotidiens: L’eau. L’électricité. Le ramassage des poubelles. Et la santé des enfants. De la famille… Back to business as usual. Avant que le ciel ne leur tombe sur la tête. Ou peut-être pas.
C’est que ce pays est un vrai Vaudeville, Madame le sait bien. Même si un Vaudeville est censé être drôle. Même si Madame ne rit plus.

 

L.Z.

 

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Editorial

Une année de plus qui s’en va… Une année complètement dingue qui ne s’est pas souciée des promesses qu’elle avait fait miroiter, qui n’a pas été non plus à la hauteur de nos ambitions! Peut-être, nous a-t-elle appris à savoir tirer les leçons parfois incisives de nos erreurs, de nos mauvais choix, de notre maladresse…

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Avec sa chevelure virevoltante, son teint pur, son allure solaire de jeune lady, Jackie Chamoun Karembeu dégage un charisme tranquille. Si elle reste réservée, dans la retenue, elle affiche néanmoins la détermination d’une femme libre au tempérament affirmé qui a tracé son chemin avec panache et élégance.