La communauté LGBT muselée
Pour la deuxième année consécutive, le rendez-vous festif de la Beirut Pride s’est tenu à Beyrouth. Son but? dénoncer le rejet de l’homophobie. Mais, alerté par des associations religieuses musulmanes qui réécrivent le programme à leur guise, le procureur général de Beyrouth ordonne l’arrestation de Hadi Damien, initiateur de l’événement, et suspend les activités prévues, avant de le relâcher.
Organiser une Gay Pride dans un pays arabe demande courage et détermination. C’est ainsi que, pendant près d’une semaine, les organisateurs de ce qu’on appelle communément Marche de la fierté des LGBT (lesbiennes, gays, bisexuelles, transsexuelles) ont réussi le pari de mettre en place une plateforme avec au programme des spectacles, panels de discussions, échanges de vécu... Mais, les choses se sont gâtées lorsqu’à l’appel d’associations religieuses musulmanes qui ont présenté la Beirut Pride comme un événement «d’incitation à l’immoralité», la police des mœurs est intervenue sur ordre du procureur général, arrêtant Hadi Damien, avant d’annuler la poursuite des activités. Il faut préciser que ces associations avaient fait circuler une programmation qui ne correspondait pas à celle prévue par la Beirut Pride.
«En effet, confirme Hadi Damien à Femme Magazine, j’ai été conduit au poste de police. Après y avoir passé la nuit, et suite à l’interrogatoire, la décision est prise d’annuler les événements programmés. Quant à moi, pour être libéré, j’ai dû signer un document certifiant avoir pris connaissance de la décision du procureur, et m’engageant à donner aux investigateurs une attestation de résidence où ils peuvent me contacter à n’importe quel moment. Sinon, je risque d’être détenu et renvoyé devant la cour et inculpé d’organisation de projets incitant à l’immoralité.»
Danièle Gerges
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