L’infidélité semble avoir le vent en poupe. Avec la multiplication des sites de rencontres comme Grinder entre autres, faire une rencontre purement physique est accessible à tous et plus particulièrement à ceux qui sont mariés. Mais pourquoi trompe-t-on? Les hommes perçoivent-ils l’infidélité de la même manière que les femmes? Le point.
Athlète professionnel et directeur d’une salle de sport, Rabih frise la quarantaine. Il débute l’entrevue en demandant prudemment: «Qu’est-ce que vous considérez comme une infidélité? Mettons une chose au clair, une aventure qui a lieu lors d’un voyage d’affaires n’est pas vraiment un adultère, c’est non négociable.»
D’autres, comme Amer croient au «mariage ouvert» dans le cadre duquel les conjoints ont droit à des relations passagères à répétition.
Ces déclarations contradictoires mettent en exergue une certaine fluidité au niveau de la définition de l’adultère qui semble varier d’une personne à l’autre. Nombreux sont ceux qui, comme Rabih, considèrent qu’être infidèle équivaut à un engagement dans une «relation permanente» avec une autre femme que sa conjointe, les aventures sans lendemain ne comptent pas. Maher est cependant un des rares à admettre qu’«avoir une relation affective ou physique intime avec une autre femme que la sienne, c’est lui être infidèle».
Plus cynique, Rabih estime que seul le fait de solliciter directement une fille d’Ève signifie tromper; or ces incartades, étant dans leur majorité le fruit de coïncidences, ne sont pas à considérer. «J’essaye d’éviter généralement les ennuis mais très souvent ce sont elles qui m’abordent alors qu’elles savent parfaitement que je suis marié. Disons que ça me tombe dessus, admet-il avec un sourire. Il est vrai que je ne joue pas franc-jeu avec mon épouse et le bon sens me manque souvent mais je n’éprouve que rarement des regrets.»
Le directeur de la salle de gymnastique explique que ses liaisons sont généralement motivées par son besoin constant de «pimenter sa vie» et qu’il éprouve l’envie d’aller à la découverte et de tester ses limites. «Je me sens mieux et plus vivant!»
Dans une dernière entrevue avant sa mort, la psychologue Maryse Vaillant, l’auteur de «Les hommes, l’amour, la fidélité», estime que la fidélité constitue souvent un défi pour les hommes. «La raison vient du fait que, même s’ils essaient de rester dans le rang, ils sont si souvent habités par la crainte de ne pas être virils qu’ils ont du mal à se calmer. C’est un peu comme s’ils avaient en permanence le besoin de se rassurer.» Selon la psychologue, l’infidélité serait le résultat de la spécificité de la construction identitaire des individus et du parcours de vie propre à chacun. Le rapport particulier au désir masculin et à la peur de la castration peut donc amener les époux à s’imaginer que «les vrais hommes ne s’attachent pas et ne sont jamais dépendants». Ceux qui se sont sentis soumis ou humiliés durant l’enfance ou l’adolescence tentent souvent à l’âge adulte «de s’approprier une virilité en collectionnant les aventures», explique-t-elle.
Nayla Azami