Madame est une honnête citoyenne. Elle paye ses impôts et autres taxes. S’acquitte du ticket de stationnement du parcmètre consciencieusement. Met sa ceinture de sécurité illico. Et a acheté le kit mains libres, histoire de parler au téléphone tout en conduisant, sans commettre d’infraction.
Bon, elle veut bien l’admettre, les bolides ce n’est pas le chapitre dans lequel elle excelle. D’ailleurs, dès qu’elle le peut, elle troque les quatre roues contre ses deux jambes, un vélo, ou même une trottinette… Histoire d’aller plus vite et plus sainement. Oui, évidemment, Madame ne va pas bien loin à ce train. Mais vu la façon de conduire de ses concitoyens et l’état des routes, Madame est bien découragée de s’y engager. D’ailleurs, à chaque fois qu’elle prend sa voiture, elle perd sa journée immobilisée dans les embouteillages… et jure ses grands dieux qu’on ne l’y reprendra plus! Le comble? Enfin arrivée à destination, ne rêvant que de s’extirper de son véhicule… elle doit faire face à une mission impossible! Pas de place pour se garer, Madame continuera alors de rouler, de tourner en rond, faisant le tour du pâté de maisons maintes fois… jusqu’à ce que, surgi d’on ne sait où, un voiturier lui propose de s’occuper de sa voiture. Et la voilà qui confie ses clés à ce parfait inconnu, inquiète, mais impuissante. C’est dire combien elle est moins motivée de s’offrir un modèle dernier cri! Elle rêve, au contraire, du jour où, dans sa ville, elle pourra se passer d’une auto!
D’ailleurs, aujourd’hui elle trouve que cela fait plouc de conduire une Ferrari. Une Lamborghini… Surtout si le gros cigare va avec. Ah, ces biens matériels qui, pensent-ils, les rendront importants! Cette fortune qui, croient-ils, leur permet de tout acheter… Ou, pire, ces apparences qu’ils cultivent même lorsqu’ils n’ont pas le rond… Non, tout cela n’impressionne nullement Madame. Pour elle, la classe est une posture: Elle est dans la gestuelle, le regard… Pas dans les possessions. Et l’importance, non, elle ne s’acquiert pas à coup de dollars. Surtout s’ils sont mal acquis!
Cela fait un bail qu’elle cultive le Minimalisme. Même si elle n’est pas encore arrivée, comme Mark Zuckerberg, à porter chaque jour le même t-shirt et le même jean. C’est venu graduellement. Madame a commencé par prendre le contrepied des habitudes bling de certains de ses concitoyens. Puis elle a donné tous ses sacs siglés. Et a enfin adopté la bobo attitude. Allant à contre-courant de ces personnes qui n’existent que par, ou que pour posséder, avoir, accumuler… afin d’en jeter aux yeux de la galerie.
Ménage de printemps oblige, Madame fait justement ses armoires. Elle compte bien s’alléger cette saison. Se séparer du superflu. Donner tout ce qui ne sert plus. Désencombrer sa vie, pour ne garder que l’essentiel. Se détacher des possessions, ne plus cumuler… Cela implique de vivre avec moins. Différemment. Simplement. Librement. Et trouver son bonheur, en appréciant au quotidien ce qu’on a déjà. Ces petites choses qui font plaisir. Un rayon de soleil. Un beau texte dans un livre. Une marche dans la nature. Le goût subtil d’un arôme de café ou d’un thé. Une discussion inspirante avec ses proches… Depuis qu’elle cultive le minimalisme comme art de vivre, madame a ainsi appris à réduire sa consommation de biens matériels. Elle est plutôt avide de sens. Et de sensations. Profondes. De destinations lointaines.
Madame aimerait tant que ses concitoyens partagent sa philosophie… Tiens, et les politiciens aussi. En commençant par réduire leurs émoluments. Leurs déplacements. Leurs extravagances. Leurs ambitions égoïstes. Leurs gaspillages. Leur incompétence. Le pays en a bien besoin. Ah! Si seulement eux, surtout eux, pouvaient adopter un train de vie Minimaliste!
L.Z.