C’est le titre suggéré par Michel Drucker lui-même pour cet article! Sinon nous aurions probablement opté pour «La revanche d’un cancre». Car si après plus d’un demi-siècle de carrière l’animateur préféré des Français - et autres - bénéficie encore aujourd’hui d’une notoriété à toute épreuve, ses débuts dans la vie ne présageaient pas un tel succès.
Né dans une famille d’intellectuels, sa mère et son père médecin considéraient l’excellence scolaire comme un «devoir sacré». Or le jeune Michel n’a jamais brillé dans ses études contrairement à ses deux frères énarque pour l’un et médecin chercheur pour l’autre. À 17 ans, le jeune homme qui faisait le désespoir de ses parents quitte la maison familiale dépourvu de diplôme. Il y va au culot pour décrocher un stage dans l’émission Sport Dimanche à l’ORTF. De rubriques de sport (sa passion) aux plateaux de variétés, Michel Drucker a côtoyé et interviewé tout ce que le monde du showbiz comprend comme célébrités… sur plusieurs générations!
Une riche carrière jalonnée d’anecdotes et d’histoires croustillantes que l’animateur s’est enfin résolu à partager avec son public dans un one man show intitulé tout simplement: «Seul… avec vous»*.
«Ce spectacle est un ovni!», s’exclame Michel Drucker. Seul en scène pendant deux heures il compare sa prestation à l’ascension de l’Everest. Un spectacle qu’il a conçu en Provence autour d’une table à la demande de son groupe d’amis qui lui demandaient de raconter «son année», les coulisses de son métier…
Michel Drucker s’est confié à Femme Magazine avant son départ pour le Liban.
Saviez-vous que vous étiez célèbre et populaire au Liban?
Non je ne le savais pas. Je l’ai appris récemment en discutant avec des Libanais qui me disaient, «Alors, quand est-ce que vous venez chez nous?». J’ai également rencontré May Chidiac lors d’une soirée de remise de prix à des journalistes dont je faisais partie. Ce soir-là je me suis rendu compte que l’on me connaissait au Liban et que j’y avais un public.
Vous avez commencé votre carrière au culot. Pensez-vous que ce serait encore possible aujourd’hui?
C’est encore possible aujourd’hui car il y a de plus en plus de médias. Quand j’ai commencé dans le métier il n’y avait qu’une chaîne de télévision. Maintenant il y en a des centaines! Si l’on a du talent, on peut facilement se faire connaître notamment grâce aux réseaux sociaux. Beaucoup d’artistes percent à travers l’Internet avec très peu de moyens. Après il faut arriver à s’installer sur la durée…
Vos parents étaient inquiets de vous voir entrer dans la vie, dépourvu de diplôme. À quel moment avez-vous ressenti leur fierté de vous voir réussir?
Très tard… Mon grand regret est de ne pas avoir été médecin, car j’aurais adoré soigner les gens et succéder à mon père qui était médecin de famille comme il n’y en a quasiment plus. J’en parle d’ailleurs sur scène où je suis en blouse blanche avec un stéthoscope. Un jour que mon père rendait visite à une patiente qui venait d’accoucher, elle était en train de lire un magazine de télévision dans lequel je figurais. Elle dit alors à mon père «Docteur, vous ne devriez pas faire de reproches à votre fils pour ne pas avoir fait d’études, car il me soigne! C’est en quelque sorte mon médecin; il me fait du bien quand je le regarde à la télé le samedi soir! Grâce à lui j’oublie mes soucis.» C’est là que mon père s’est dit que ce que je faisais n’était peut-être pas si mal que ça. Quant à ma mère, elle n’a été fière de moi que le jour où François Mitterrand m’a remis la Légion d’Honneur à l’Élysée, deux ans avant sa mort. Même si elle était impressionnée et fière, elle n’a pu s’empêcher de dire au Président «J’espère que cette décoration sera pour Michel un encouragement pour continuer à progresser.» François Mitterrand m’a dit alors «Avec une mère comme ça vous n’aurez jamais la grosse tête!»
Vous dites que Claude François a bouleversé votre vie; de quelle manière?
Tout d’abord c’est lui qui m’a présenté ma femme il y a de cela 45 ans… Même s’il la convoitait, c’est moi qui ai fini par l’épouser! C’était lors d’une émission au titre prémonitoire que nous présentions ensemble: «Avec le cœur». Il est mort un soir où je l’attendais sur mon émission. Il avait toujours du retard. Je l’ai appelé pour lui dire que ses danseuses étaient déjà là et que nous l’attendions. Il m’a répondu «Je prends vite mon bain et j’arrive!» Une demi-heure plus tard il était «parti». Ne voulant pas croire l’annonce de sa mort à la radio, je me suis précipité chez lui. Je me suis retrouvé assis au bord de son lit avec sa compagne, en présence d’un pompier. Il avait l’air de dormir. J’étais persuadé qu’il allait se réveiller… La disparition de Claude a été un grand choc pour moi…