Allez savoir pourquoi l’on se met en tête un beau jour de rallier Skopje, la capitale de la Macédoine, en traversant une partie des Balkans. Les Balkans? Cette région aux frontières floues qui englobent, dans le sud-est de l’Europe, un morceau de l’ex-Yougoslavie et quelques pays voisins. Échappée belle donc, à pied, en car et en bateau, à travers le Monténégro, l’Albanie et l’ARYM.
Au prochain virage, il faudra trancher: au nord la Croatie, au sud le Monténégro! Au milieu un taxi qui poireaute devant le poste-frontière. Et voilà comment à peine débarqué à l’aéroport de Dubrovnik, on fausse compagnie à la côte dalmate, qui tangue sous le poids des touristes et des bateaux de croisière, pour lui préférer, 30 km plus loin, un pays qui lui ressemble comme un frère: la Montagne noire, ou Crna Gora en serbe. Même côte frangée de bleu Caraïbes, mêmes îles piquées d’églises solitaires, mêmes petites villes au charme romantique. Mais en version miniature. Seulement, on peut être petit (14 000 m2, l’équivalent d’un département français) et cultiver l’art du superlatif: le Monténégro aurait, dit-on, le plus beau fjord d’Europe méridionale, le deuxième plus grand canyon du monde après celui du Colorado et l’une des dernières forêts vierges européennes. Ainsi que de ravissantes «stari grad» («vieilles villes»), qui constituent, tels des joyaux, le cœur historique des villes des Balkans. On demande à voir et le taxi s’élance vers Herceg Novi, petite ville blottie à l’entrée de la baie de Kotor, où les plus jolies filles du pays promènent leur plastique de nymphettes sur des plages de galets. On prolongera la séance de pédalo à toboggan par une virée dans la stari grad, que l’on rejoint par l’Ulica Njekoseva, longue voie piétonne au pavage de pierre poli comme un miroir.
Texte et photos: Valérie Appert