Autour du thème «Lire ensemble», le 23ème Salon du Livre francophone de Beyrouth s’est tenu du 5 au 13 novembre au Biel. Visites guidées.
DE CASES ET DE BULLES, LA B.D.
Chaque année, et de plus en plus, la bande dessinée s’installe au cœur du Salon du Livre. Les rendez-vous se croisent et se multiplient, entre bédéistes libanais et étrangers. Certes, pour 2016, l’Alba qui plantait d’habitude son stand à côté de celui de la Librairie al-Bourj qui, hélas, a dû fermer ses portes en début d'année, a occupé une simple table entre les larges allées de la Librairie Antoine. En revanche, loin de la B.D. locale, c’est la Librairie Stephan qui accueillait le «Village de la B.D.» où ont été exposés tant de titres des plus classiques aux plus futuristes, aux plus engagés, aux plus contemporains. C’est que le Salon du Livre recevait cette année, après le scénariste Benoît Peeters en 2015, le mythique Jean Van Hamme, scénariste de Thorgal, Largo Winch, XIII, Blake et Mortimer et tant d’autres séries…
Mais retour à la B.D. locale, avec la sortie de l’album de Jorj A. Mhaya, «Ville avoisinant la terre» aux Éditions Denoël Graphic. Le premier volume de Madina moujawira lil arad était publié, dans sa langue arabe d’origine, en 2011 par Dar Onboz. Cinq ans plus tard, une traduction française de l’album intégral, dans ses deux volumes, est éditée. Plongée au cœur de Beyrouth en noir et blanc, épousant les couleurs de la terre, entre l’onirique, l’absurde et le visage noir de la foule, un homme, Farid Tawil, propulse le lecteur dans les méandres de la mémoire et de l’amnésie.
Dans un registre complètement différent, à portée pédagogique, la B.D. en trois langues Maximum Max, métamorphose sur la montagne magique, inspirée des aventures de Maxime Chaaya, scénario Rabih Haddad et dessins Tony Abou Jaoudé. L’album raconte comment est née la passion de l’aventure chez Maxime Chaaya, depuis sa participation en 2000 au Safari sportif du Kenya, jusqu’à son ascension en 2001 du mont Kilimandjaro.
LE SALON FRANCOPHONE EN LANGUE ARABE
En 2013, pour la première fois, le Salon du Livre francophone de Beyrouth enclenchait une ouverture vers les éditeurs de langue arabe, non seulement pour présenter une sélection des meilleurs titres de la littérature arabe contemporaine, mais aussi des ouvrages en français et traduits en arabe. Plusieurs maisons d’édition étaient ainsi présentes, Dar al-Saqi, Dar al-Farabi, Dar al-Jadeed… avec des titres de littérature et d’actualité, et la Syrie toujours au cœur des préoccupations.
Sur le stand de Dar al-Saqi, le dernier roman de Jabbour Douaihy et une table ronde modérée par Farès Sassine autour de la traduction de l’arabe vers le français, avec L’inédit de Beyrouth. «À la traduction, le livre ne perd pas grand-chose», affirme Jabbour Douaihy.
Autres traductions, celles des romans des lauréats de la Liste Goncourt/Choix de l’Orient (initiative lancée depuis 2012 par le Bureau Moyen-Orient de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), l’Institut français et l’Académie Goncourt). Depuis 5 ans, des jurys étudiants issus de plusieurs universités du Moyen-Orient, 37 jurys cette année de 11 pays, délibèrent autour de la deuxième sélection de l’Académie Goncourt pour élire l’auteur-lauréat qui sera invité à Beyrouth dans le cadre du prochain Salon du Livre afin de recevoir justement son livre traduit en arabe. Après Mathias Enard (La Rue des voleurs), Sorj Chalandon (Le quatrième mur), Kamel Daoud (Meursault, contre-enquête) et Nathalie Azoulai (Titus n’aimait pas Bérénice), le prix 2016 a été décerné à Gaäl Faye pour son roman, «Petit pays».
LES MOTS EN RECETTES DE CUISINE
La gastronomie se déguste de plus en plus au cœur de l’édition locale, avec chaque année une nouvelle portée de recettes de cuisine, aux arômes qui se mêlent.
- À la table de Viviane, signé Viviane Zoghbi (Hachette-Antoine).
Soit 150 recettes internationales réparties en 15 menus sur 4 saisons.
- La recette d’où je viens - Portraits gourmands et recettes souvenirs, signé Noha Baz (L’Orient des livres). Voyage gastronomique dans le temps, Noha Baz convie quelques personnalités libanaises ou ayant des attaches avec le Liban, venues de divers horizons, à livrer aux lecteurs, témoignages, recettes et leur «madeleine de Proust».
LE LIBAN EN QUELQUES TITRES
La 23ème édition du Salon du Livre francophone de Beyrouth a été marquée par une forte présence d’auteurs libanais ou de livres publiés par des maisons d’édition libanaises. Femme a sélectionné pour vous quelques plumes féminines.
-Carmen Boustani - Andrée Chédid, L’écriture de l’amour (Flammarion). Plus qu’une simple biographie, le lecteur s’accroche à une double écriture féminine, d’une part celle de la biographe, et d’autre, celle de la romancière. Entre l’Égypte, la France et le Liban, le mot taillé dans la liberté.
Prix Phénix 2016.
- Valérie Cachard: Déviations et autres détours (Tamyras). Auteure du merveilleux Matriochka, ou l’art de s’évider (2015-Antoine), Valérie Cachard livre là sept nouvelles ou textes courts, écrits entre 2005 et 2013, qui portent la voix et la quête de personnages différents. Simone, Amale, l’homme de toutes les peurs, Mounir, Dunia, Elle et Hassan tentent de trouver chacun sa réponse, d’appartenir à un espace ou à un temps et de se les approprier pour survivre plus paisiblement.
- Anne Defraiteur Nicoleau: Palace Café (Tamyras). Travelling en Technicolor sur Beyrouth, histoire d’une ville, histoire d’une famille, celle de deux frères, Kamal tué dans des circonstances confuses pendant la guerre civile et Antoine de retour au Liban après quinze ans d’exil. Palace Café invite le lecteur à se balader dans un va-et-vient entre gravité du destin et insouciance du quotidien.
Nayla Rached