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Mme à Beyrouth

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Madame se fait son roman

L’été, à la plage, Madame emporte un roman. Face aux vagues, elle s’abandonne à la paresse de ces étés libanais où il suffit de s’étendre sur un transat pour se sentir en vacances. Même si la maison est à cinq minutes du club balnéaire, et que le bureau est de l’autre côté de la route. C’est que le Liban offre ce luxe inouï, de se sentir en villégiature, pour peu qu’on le décide, le matin même. Nul besoin de visa (heureusement), ni d’avions, ni de trains, pour accéder à la mer… Et s’évader.

Madame se plonge dans ces romans qui, souvent, racontent l’histoire de son pays. Non, pas celle que l’on étudie petits sur les bancs de l’école. Ce livre-là s’arrête à la reconnaissance du Grand Liban, à l’Indépendance… Et des miettes. Depuis, ils ne sont plus tombés d’accord. Et l’histoire ne s’est plus écrite. Elle se déroulait néanmoins. Alors des romanciers s’en sont emparé… Ils ont fait fi de l’omerta. Ne se fiant qu’à leur ressenti, ils ont dit l’indicible. Se sont libérés d’un vécu. Ont exorcisé bons et mauvais souvenirs…

Madame aurait aimé ne pas les lire, ces histoires que les enfants de la guerre ou les générations suivantes n’ont pas connues. Forcément, puisque ces livres parlent de cette «Suisse de l’Orient» tant fantasmée. Ils racontent aussi comment tout s’est fracassé. Comment le paradis a glissé. Subrepticement. Violemment. Inexorablement. Dans l’abysse. Comment les portes de l’enfer se sont ouvertes. Comment la guerre a pu avoir lieu. Mais, elle veut bien se l’avouer, véritable boîte de Pandore, ces romans sont un trésor: ils lui content l’inexplicable, à travers des récits de vies qui ont traversé la tempête… qui va les emporter souvent au loin. Ou tout simplement les engloutir. Tableaux vivants de différentes couleurs, religions, appartenances… Ils ont en commun une histoire d’amour ou d’amitié, au début d’une existence qui semblait si prometteuse. Mais les destinées vont dévier dramatiquement. Ils vont tour à tour perdre leur insouciance. Puis leur quiétude. Et enfin le bonheur. Celui d’être nés Libanais. Certains vont même mourir.

En lisant Les meules de Beyrouth de Toufik (Youssef Aouad), Madame se dit que l’ouvrage aurait pu être rédigé en 2016. Puisque le même drame continue à se jouer. Et toutes ces vies gâchées… Pendant que Saint Georges regardait ailleurs de Jabbour (Doueihi). Un Paradis infernal dixit Amal (Makarem) qui livre son journal intime, et dit le désespoir de ceux qui, ayant vécu tout ça depuis les premiers jours, sont encore là. Mais il y a aussi le curieux destin de ceux qui partis, comme Amin (Maalouf), tentent une impossible rencontre entre le passé et le présent, et se retrouvent Désorientés. Nahida (Nakad), dans sa recherche du Liban perdu, finit par se réjouir d’avoir épargné à son enfant, né de père français et n’ayant pas eu le droit d’acquérir la nationalité libanaise, cette destinée. Dominique (Eddé), elle, se livre via une lettre posthume. Avant de confier que Kamal Jann… Et cet imposteur, qu’Amin (Issa) a érigé en auteur… Sept romans, pour ne citer qu’eux. Un seul pays. La même sensation de gâchis en refermant chaque livre. Une certaine tristesse. Et ce rêve porté par les héros de ces différents romans qui, à chaque fois, reste inachevé. Car, depuis, l’absurde a pris de nouvelles formes.

Souvent entre deux rives, les différents auteurs ont dû se détacher de cette terre et questionner des certitudes. Madame reste étendue sur ce transat. Mais elle noie son regard dans cette Méditerranée. Et laisse son esprit voyager au loin. De toutes ces histoires, elle recolle les morceaux. Retient quelques paragraphes. Se fait son propre roman… Et savoure ces plaisirs simples. Un verre de rosé, un taboulé, quelques calamars grillés, pendant qu’elle continue de parfaire son bronzage. Pile, puis face. Madame se laisse doucement dorer sous ce soleil libanais. L’air frais, capricieux, décide de temps en temps de se lever et fouette son visage? Les flots éclaboussent son corps suivant un rythme indéfini? Madame n’en a cure. Moiteur, légèreté, torpeur… Elle se laisse aller au gré du vent et des vagues. Hier est déjà loin. Demain est un autre jour. Aujourd’hui c’est l’été 2016. Et une nouvelle page s’ouvre déjà.


L.Z.

 
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