COQUILLES SAINT-JACQUES SAFRANÉES

Mme à Beyrouth

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À bas le bistouri

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18-20-25-30-40-50 ans… Elles sont toutes jolies. Si, si… Chacune à sa façon. Et pourtant, elles changent de visage.
Des fortunes dépensées dans les instituts de beauté et chez les chirurgiens plasticiens pour finir par toutes se ressembler. Non, ce n’est pas la même. Cet air de ressemblance, elles le doivent à la paternité de leurs charmes revendiquée par un ou plusieurs bistouris célèbres de la ville. Elles sont reconnaissables entre mille: en guise de sourcils, un trait bien large tatoué au bas d’un front si lisse! Les yeux démesurément grands pour s’être fait opérer des paupières, ou même légèrement bridés. Le nez fin bien droit ou bien retroussé selon le goût de son créateur. Les pommettes saillantes, les lèvres redondantes dévoilant des dents blanch(i)es bien alignées. Les cuisses ciselées – dûment liposucées – surplombées d’une nouvelle paire de fesses, sans oublier évidemment les seins bien ronds, qui tiennent bien haut eux aussi…

Halte au clonage! Est-ce le manque de courage d’être soi qui pousse la plupart de nos concitoyennes à abuser du bistouri et à banaliser le recours à l’acte chirurgical? Qui sont donc les auteurs de ces nouveaux diktats: ceux qui ont décidé qu’une beauté naturelle, ça n’était jamais assez? Que des petits seins, des cuisses un peu rondes, un visage anguleux, des lèvres fines n’auraient plus droit de cité? Qu’un nez légèrement irrégulier, ou même parfait, devait se faire raboter illico…? Ils ont instauré une nouvelle définition de la beauté: «plastique». Le Créateur, lui, aurait mal fait le boulot. Ainsi, l’on devrait recréer une femme ou même un homme «parfaits» à partir de cette première mauvaise copie, suivant un stéréotype unique. Exit l’humanoïde banal.
C’est Barbie / Bimbo Land: botox, collagène, acide hyaluronique… et j’en oublie! Est-ce qu’elles savent seulement tout ce qu’elles s’injectent dans le corps et le visage?

«Elle a du genre», cette phrase que ma grand-mère prononçait, j’ai la triste impression qu’elle est morte avec elle. Aujourd’hui, les femmes n’ont plus le droit d’avoir «du genre». Et de l’imposer. Elles doivent se couler dans le moule et être clonées sur un modèle qui, c’est certain, n’est pas du meilleur goût. Et bien souvent même d’un goût douteux!

Quel nom porte ce combat? Jeunesse contre vieillesse? Le temps qui passe, la première ride, il y a sûrement une façon plus raisonnable de les arrêter, de les domestiquer sans abuser… jusqu’à finir par arborer cette face lisse, boursouflée et presque momifiée! Beauté contre laideur? Il suffit de zapper sur les chaînes internationales pour se rendre à l’évidence: non, nous n’avons plus la même conception de la beauté. Ici, sur les écrans libanais et ceux du monde arabe, aucune fausse note n’est tolérée, aucune ride malvenue, aucune expression. Aucune graisse superflue non plus… sauf celle qu’on s’injecte à des emplacements bien précis, sans peur de tomber dans la vulgarité. Ces médias ont érigé des standards qui conditionnent notre perception et notre acceptation de nous-mêmes et des autres.

Et si justement, la vraie bataille consistait à dire non aux visages figés, déshumanisés, que l’on pourrait transposer ici ou là-bas, indifféremment? Et s’il fallait tout simplement, réhabiliter la beauté au naturel? Celle que l’on sculpte par une activité physique régulière, et non à coup de liposuccion. Celle que l’on cultive en optimisant son moi. En ne cherchant à ressembler qu’à soi. Être unique. Trouver son style, qui est forcément tributaire de ce qui nous va…

Est-ce elle ou est-ce une autre? On ne sait plus. Elle ne sait plus… Il y a urgence aujourd’hui à la libérer des diktats qui lui font perdre jusqu’à son identité… Pour lui permettre d’avoir l’audace de s’affirmer, au naturel, dans une cité qui retrouverait ainsi une – belle – âme.

L.Z.

 

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Editorial

Pas besoin de présenter Lucky Luke. Tout le monde connaît le célèbre cowboy à la mèche noire qui sillonne le Far West sur son cheval blanc à la recherche des bandits qui sèment la terreur dans les villages. L’homme «tire plus vite que son ombre», comme l’a voulu le bédéiste Morris, mais il n’aurait jamais imaginé trouver autant de compétiteurs dans un petit coin de terre, nommé Liban, niché sur l’autre rive de la Méditerranée.