Publié par Kaph Books, le beau livre de photographies Retours à Beyrouth saisit la nuit de la capitale libanaise à travers l’objectif de Guillaume de Sardes, que Femme a rencontré.
«Retours à Beyrouth n’est pas un recueil de photographies consacrées à une ville, que j’aurais voulu saisir dans sa totalité, écrit Guillaume de Sardes, dans son avant-propos. Il s’agit d’un «journal du regard».» Un journal du regard? Il explique avoir toujours eu une «approche narrative des choses et de l’art en particulier», de par son métier d’écrivain qui le pousse à aimer ce qui est cinématographique. Publiant ses romans aux éditions Grasset et Gallimard, le prochain, qui sortira en mars 2017, porte le titre L’Éden la nuit.
La nuit, l’errance, la femme, l’intime… ce sont ses thèmes de prédilection qu’il effeuille dans ce livre également. «Retours à Beyrouth représente bien tout cela, puisque c’est la manière dont je me suis approprié cette ville, la manière dont j’ai découvert la cité d’abord, puis ses habitants. Et après avoir découvert Beyrouth, j’ai commencé à visiter d’autres villes, je suis allé à Enfeh, à Tripoli… Le livre est un peu le journal de ce voyage.»
De sept voyages plus précisément réalisés entre 2014 et 2016. À Beyrouth d’abord pour exposer ses photographies, ensuite pour animer un workshop à l’Alba, puis pour le magazine Prussian Blue dont il est le rédacteur en chef, ensuite dans le cadre du Festival Photomed dont il dirige aujourd’hui la programmation en France et au Liban. «Je trouve que la vie à Beyrouth spécialement est riche, libre, intense. La nuit en particulier. C’est mon mode de vie, je me couche tard, je me lève tard. La vie est plus belle la nuit, les gens sont plus beaux. À Beyrouth, la nuit est poétique.»
50 photographies en noir et blanc ou en couleur se déroulent au fil des pages de l’ouvrage, accompagnées de textes signés Guillaume de Sardes, Rayya Badran et Simone Klein. «Guillaume de Sardes a lui aussi choisi la nuit, quand une autre forme de chaos vient à la vie, écrit Rayya Badran. Une scène, dès lors qu’elle est regardée par un étranger, se défait elle-même d’une certaine manière.»
La poésie nocturne de Beyrouth, et d’autres villes du Liban, il la croque, il la saisit à vif, dans le mouvement, dans le silence du geste. «Si les notes de voyages qui accompagnent mes photographies les éclairent, écrit-il encore, elles n’en sont pas pour autant le commentaire. Prises sur le vif, elles rendent compte d’une même expérience. Elles sont l’expression sous une autre forme d’un même monde intérieur… En un sens, Retours à Beyrouth est le roman sur le Liban que je n’ai pas écrit.»
N.R.