L’Extrême-Orient et l’artisanat envahissent les podiums
Événement incontournable dans le monde de la mode depuis 1973, la Fashion Week mobilise créateurs, célébrités, fashionistas, maquilleurs, coiffeurs… Toute une machine se met en marche avec des show-rooms, des soirées, des dizaines de défilés qui investissent Paris.
Le glamour de Versace
Les femmes fatales de Versace ont ouvert le bal de la Fashion Week Haute Couture printemps-été 2016 à Paris. Donatella Versace a présenté des silhouettes de séductrices sûres de leur pouvoir, avec des robes qui épousent les courbes, révélant le corps sous des broderies et des filets brillants évoquant des toiles d’araignée. Le pantalon fuseau des années 1980 se porte avec des talons aiguilles et une veste courte pour un total look blanc. De courtes robes bustiers scintillantes mettent en valeur les jambes mais aussi de longues robes blanches, noires ou corail, fendues sur le devant.
Les années Palace avec Jean Paul Gaultier!
L’inépuisable Jean Paul Gaultier rend hommage à l’un des clubs mythiques de la nuit parisienne des années 1980, Le Palace. Le pyjama de Loulou de la Falaise, le perfecto de Farida Khelfa, la nuisette d’Eva Ionesco, la combinaison à paillettes de Grace Jones, la coupe androgyne de Leslie Winer… Jean Paul Gaultier s’est inspiré de ses amies noctambules de l’époque. Ses créations festives et sensuelles portent les noms de tubes des Eighties (Manureva, Heart of Glass, Cherchez le garçon…).
Escale au Japon pour Chanel
Sous la nef du Grand Palais, un jardin japonisant épuré imaginé par le directeur artistique Karl Lagerfeld, avec une maison en bois entourée d’une pelouse verdoyante, d’un bassin de nénuphars, d’une promenade en teck et d’arbres déracinés. Voilà le décor planté. Chignons de geisha, robe-kimono, boléro à manches éventails, yeux bridés par un double trait d’eye-liner, chaussures à plateforme, avec de nombreuses références au pays du Soleil Levant. Les abeilles serties de diamants butinaient cette collection fleurie et aérienne aux couleurs naturelles (blanc, écru, beige, grège, lin).
Dior sans Raf Simons?
Dans la cour du Musée Rodin, la maison de couture avait choisi le thème de la chance et des superstitions. Encore une fois, les codes établis par le couturier Christian Dior sont revisités par Serge Ruffieux et Lucie Meier, qui assurent l’intérim depuis le départ de Raf Simons en octobre. Les décolletés glissant sur une épaule apportent une touche de décontraction au minimalisme coloré instauré par l’ancien directeur artistique. Beaucoup de broderies (fleurs, insectes, oiseaux), de volumes (manches XXL, revers à froufrous…) et de coupes (épaules dénudées, décolletés asymétriques…).
Féminité absolue de Valentino
Une collection entre orientalisme byzantin et classicisme occidental… Le défilé Valentino haute couture printemps-été 2016 a mis l’accent sur les kimonos brodés, les robes longues vaporeuses embellies d’imprimés d’or, de tuniques de tulle parées d’appliques en velours. Maria Grazia Chiuri et Pierpaolo Piccioli livrent ici une ode à la féminité dans tout son éclat sur fond d’hommage fleuve à l’artisanat italien.
Cubisme chez Viktor & Rolf
Intitulé «La performance des sculptures», le défilé Viktor & Rolf propose une nouvelle vision de la mode: celle d’un terrain de jeu artistique au même titre que les arts plastiques. Véritables œuvres cubiques taillées dans des matières rigides structurées, les silhouettes ainsi dépersonnalisées plongent dans le cubisme de Picasso ou de Braque dans une atmosphère visuelle blanche immaculée. Des formes et des visages réalisés avec humour pour le duo.
L’Inde rêvée d’Elie Saab
Luxuriantes, les collections d’Elie Saab le sont toujours. Inspirée par l’Inde et ses mystères, celle présentée au théâtre national de Chaillot a une saveur particulière. Les robes brillantes paraissent d’une légèreté infinie. Volants, jupons aux incrustations précieuses, tops en fine dentelle, broderies et perles transportent vers la chaleur d’Udaipur, au cœur de l’Inde. Une fois de plus Elie Saab présente un travail d’orfèvre. Les tonalités de gris, d’argile, de vert émeraude bousculent l’esthétique de ces apparats d’un autre temps.
Songe d’une nuit d’été de Giambattista Valli
Entre onirisme poétique et imaginaire enfantin, Giambattista Valli s’est appliqué à créer des robes haute couture à la fois extravagantes et maîtrisées à l’image d’un conteur. Jupons opulents, longs manteaux brodés scintillants: la silhouette est précieuse et pudique, sans sombrer dans la naïveté comme le suggère ce défilé d’épaules et de longues jambes subtilement dénudées. Maîtrisant à la perfection l’art de la broderie, le couturier italien s’amuse à enchaîner les variétés de fleurs…
“Artisanal” de la Maison Margiella
Fuyant un artisanat figé dans un temps lointain, John Galliano offre sa vision d’une haute couture littéralement vivante, en métamorphose constante. Le polo vintage s’étiole dans une robe fleurie en décomposition, la chemise d’homme se pare de ses chutes de tissus, le blazer masculin s’accommode d’une traîne en taffetas colorblock le tout dans une tonalité punk vibrante typiquement britannique.
Joëlle Maatalani Kurdy