Ardente jusqu’au bout des ongles
Regard intense et profond, voix sensuelle, Fanny Ardant continue à séduire. Toujours aussi amoureuse des mots et passionnée de littérature… Dans le cadre du Festival International de Baalbeck, l’actrice a donné la réplique à Gérard Depardieu, sur les planches du Casino du Liban, dans “La Musica Deuxième” de Marguerite Duras.
Les acteurs doivent-ils strictement se conformer au texte de l’auteur?
Non, absolument pas, ce n’est pas une explication de texte que les acteurs sont censés présenter. Le comédien doit apporter sa propre approche, son émotivité, ouvrir son cœur et son esprit, faire appel à ses sens. Une certaine sensibilité doit s’installer entre les acteurs, d’où la possibilité de retirer certains passages. Lorsque je joue, j’agis comme si le rôle a été écrit pour moi. J’ai parfois tendance à trahir les auteurs avec leurs indications… L’important est de vivre ce moment comme s’il m’appartenait. C’est cette attitude qui donne le ton et véhicule l’émotion aux spectateurs, car ils saisissent toute la sensibilité qui émane de l’acteur.
Vos auteurs favoris?
Pouchkine et Proust. Je ne me lasse pas de les lire et les relire. Il faut faire la différence entre livres et littérature. Une fois le livre fermé, on en oublie le contenu. Les textes littéraires eux, par contre, restent toujours dans votre mémoire et vous accompagnent; à leur contact, vous sentez que vous n’êtes jamais tout seul.
Théâtre ou cinéma?
J’aime les deux. L’un nourrit l’autre. Je ne pourrai jamais assouvir ma passion pour le théâtre. Je fais des allers-retours entre l’un et l’autre. On peut comparer le cinéma à une course de vitesse et le théâtre à une course de fond, à un marathon. Sur scène, vous êtes dans l’instant, vous devez être pragmatique et ne pas tricher. Au théâtre, vous donnez l’occasion au spectateur d’être partie prenante, de partager votre sensibilité et votre ardeur en direct, tandis qu’au cinéma, il subit.
Elga Trad