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Les muses

Les muses Benoît Debbané.

Elles sont censées inspirer les poètes. Par un phénomène encore mystérieux, les muses «Facebookiennes» se sont érigées en poétesses, sans doute pour se hisser au rang de celui/celle qu’elles inspirent. Les voilà qui d’un coup, et comme si elles s’étaient toutes donné le mot d’ordre, reconverties en mini répliques de Marceline Desbordes-Valmore, le talent en moins. Les rimes c’est leur fort. Et il en pousse partout sur la Toile. Les 365 jours de l’année. Ces Musset/Éluard/Verlaine en herbe n’ont pas de saison et encore moins de date d’expiration. Des amuse-bouche dont on ne ferait qu’une bouchée. Encore faut-il avoir de l’appétit en lisant le menu! Des mots creux, alignés uniquement pour rimer. Ou frimer. Parce qu’il est de bon ton d’étaler sa pseudo culture un peu mieux que la confiture, de superposer des couches de phrases vernies. Les muses, d’ailleurs, sont bien servies par le verbe qui ne connaît ni sujet ni complément d’objet direct ou indirect. On assiste du coup à une exposition permanente d’un moi (en mots) bien emballé.

C’est justement ça qui compte: cette image de soi que l’on veut véhiculer même si elle n’est pas conforme à la réalité. D’aucun(e)s s’aventurent même jusqu’à s’approprier des citations d’auteurs célèbres ou moins célèbres, sans rectifier le tir lorsque leur public s’extasie devant leurs perles. D’autres calquent carrément des textes entiers, de bout en bout, en les truffant de fautes d’orthographe, mettant ainsi en doute la prose de Victor Hugo ou celle de Balzac.

Les muses s’amusent à se jouer des mots, tout en leur manquant de respect. Ce sont, paraît-il, les nouvelles règles de non-bienséance qui gèrent la vie virtuelle. Ici on ne s’encombre pas de conventions. En gros, c’est le crachoir/déversoir de tout sans distinction: le beau, le laid, le stupide, l’intelligent, le niais. Il y a celles qui font de leur mur un vrai mur de lamentations: ça se plaint du matin au soir et ça pleure un amour disparu, certaines tentent même des suicides virtuels de temps en temps: elles se désactivent. Il y a celles qui ont le mot gai comme un pinson: elles voient (et chantent) la vie en rose… Il y a les philosophes qui tutoient Nietzche, fricotent avec Sartre et chantent Brel par You Tube interposé… Il y a aussi les gourmandes fans de cuisine zen qui postent leurs recettes poétiques: celles qui pansent les bleus de l’âme et sèchent les larmes… Il y a celles qui érotisent leurs pages et sensualisent leur langage: elle parlent un «sexe édulcoré» (nouvelle langue postmoderne dispensée par cours privés sur FB) qui se veut difficile à décoder… Il y a également (et fort heureusement) les vrais talents, les plumes qui marquent, se remarquent et se démarquent. Mais comme il faut de tout pour faire un monde, toutes ces muses cohabitent finalement avec indulgence: à chacune son espace et sa paroisse! Et puis rimera bien qui rimera la dernière, à commencer par vous-même, néophyte rimailleuse entre toutes, surtout lorsque ça ne rime à rien!

B.I.

 

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