La success story d’un mini guide pliable
Avec son air d’éternel adolescent, Marin Montagut semble s’étonner de son parcours pour le moins réussi. Cet électron libre est décidément inclassable. Cinéaste? Photographe? Producteur? Scénographe? Designer? Dessinateur?… Marin Montagut est en fait un touche-à-tout. Il ne faut pas voir en cela un signe de superficialité!
Cet autodidacte approfondit tout ce qu’il entreprend et lorsqu’il a une idée en tête, rien ne l’arrête. Il a su charmer Inès de la Fressange, qui lui a confié la réalisation d’un documentaire biographique, ainsi que convaincre une chaîne de télévision de l’envoyer en reportage aux quatre coins du monde. Et au hasard d’une rencontre, il devient chroniqueur sur le site de la bloggeuse «Une Libanaise à Paris».
Après un passage à la Saint-Martins School à Londres, Marin se pose à Paris. Une ville qu’il chérit et à laquelle il a consacré un guide unique en son genre. «Bonjour Paris», une sorte de city map aquarellée avec talent qui permet aussi bien aux touristes qu’aux Parisiens de découvrir des adresses insolites et stylées hors des sentiers battus; shopping, culture, fooding…
Fort du succès de «Bonjour Paris», plébiscité par des concept stores tels que Colette et Merci, Marin Montagut s’est attaqué à Londres et à New York avant de s’intéresser au monde de la nuit avec un «Bonsoir Paris». Son prochain City map? Qui sait, peut-être un «Bonsoir Beyrouth»?
Femme Magazine l’a rencontré sur la terrasse d’un café confidentiel niché à l’ombre du Jeu de Paume dans les Jardins des Tuileries.
Vous avez le parcours atypique d’un autodidacte.
Totalement! Après un passage à la Saint-Martins School à Londres où j’ai un peu touché à toutes les disciplines, je suis arrivé à Paris où j’ai travaillé dans une agence de déco, notamment des décors de cinéma. Au bout de deux ans, je suis passé à la vidéo apprenant sur le tas. Très vite j’ai été amené à réaliser un documentaire sur la carrière d’Inès de la Fressange.
Incroyable pour un jeune débutant d’avoir eu cette opportunité! Comment avez-vous pu décrocher un tel projet?
(Rires) J’y ai été au culot! Le culot et à la passion! (Rires) J’ai rencontré Inès à l’agence de décoration où je travaillais aux Puces. Lorsqu’elle a appris que je faisais des vidéos, elle m’a commandé des petits films pour Roger Vivier, la Maison dont elle est l’ambassadrice. Cela a débouché sur les «Carnets d’Inès» que j’ai réalisés pendant quelques années, jusqu’au jour où je lui ai proposé de lui consacrer un documentaire de 52 minutes. Elle était d’accord. Mais le tout était de trouver un producteur. J’ai contacté la chaîne de télévision La Cinq. Ils m’ont demandé: «Pourquoi ferions-nous confiance à un jeune homme de 25 ans qui n’a jamais réalisé de longs métrages?» J’ai répondu: «Vous le saurez quand vous m’aurez confié ce reportage.» (Rires) Ça a marché!… Mais j’avoue que je n’ai jamais eu autant les pétoches de ma vie!… J’ai dû me faire trois ulcères à l’estomac tellement je stressais… (Rires) Ce premier succès m’a ouvert les portes et j’ai voyagé un peu partout pour faire des films. Et puis un jour, j’ai réalisé que le dessin me manquait. J’avais envie du contact des crayons et du papier, de quelque chose de plus artisanal.
C’est alors que vous avez eu l’idée de «Bonjour Paris»?
L’idée m’est venue lors de mes divers voyages car je trouvais les guides encombrants. J’avais envie d’avoir une carte qui se plie sans se déchirer. Une jolie carte que je pouvais déplier même sous la pluie sans qu’elle ne se décompose et que je puisse obtenir d’un seul coup d’œil des informations diverses; cafés et restaurants, musées et galeries, artisans… Une carte au trésor en quelque sorte! (Rires) Je me suis lancé de manière instinctive, sans aucune étude de marché! J’ai juste créé un objet dont j’avais envie et que je ne trouvais nulle part.
C’est en même temps courageux et inconscient…
C’est ce que m’ont dit mes amis (Rires) et comme j’ai imprimé quelques milliers de ces cartes on m’a prédit que j’allais les stocker sous mon lit pour le restant de mes jours… Si ce n’est que j’ai été encore au culot me présentant chez Merci sans rendez-vous pour montrer mon premier guide pliable «Bonjour Paris». Le responsable était pressé. Il n’avait vraisemblablement pas le temps de me recevoir. Après avoir insisté il me dit qu’il ne pouvait me consacrer qu’une minute; nous sommes restés une heure et demie à discuter! Du coup mes cartes y sont disponibles tout comme chez Colette.
Qu’est-ce qui a séduit les concept stores?
Je pense que c’est le fait que ma city map soit aussi bien plébiscitée des touristes que des étrangers. On y trouve certes quelques musées, mais elle répond aussi à des envies autres: où trouver un bon bagel à Paris, une jolie robe, des souliers, mais aussi un artisan caché au fond d’une cour… C’est un peu comme si vous aviez un ami en ville qui vous faisait part de ses dernières trouvailles!
Verra-t-on un jour un «Bonjour Beyrouth», après Paris, New York et Londres?
J’ai toujours eu envie de découvrir Beyrouth. J’ai entendu beaucoup de choses sur l’énergie et la joie de vivre que l’on peut y trouver. Inès de la Fressange m’a fait rencontrer Samar, la bloggeuse de «Une libanaise à Paris» qui m’a proposé d’être chroniqueur sur son blog. Je serais très curieux de découvrir le Liban et, qui sait, si l’on me propose une collaboration je serais ravi de réaliser un «Bonjour ou Bonsoir Beyrouth»!
R.C.