Follement mode, la créatrice de lingerie chic prend la direction artistique du Crazy Horse pendant 3 mois. Au programme, un show sensuel débordant d’audace avec 4 tableaux exclusifs. Avec impertinence et humour, elle signe une nouvelle vision excitante d’une féminité affirmée à l’esprit couture. «Chantal Thomass met le Crazy Horse dessous dessus»* et nous invite en coulisses où elle customise le fameux numéro «God save our Barekin» avec une guêpière kilt…
Vous avez refusé dans les années 70 une collaboration à Alain Bernardin, fondateur du Crazy Horse. Pourquoi relever ce défi aujourd’hui?
À l’époque je faisais de la lingerie sans rêver d’y faire carrière. Jusqu’à 25 ans, je ne portais pas de soutien-gorge! Pour mes défilés de prêt-à-porter qui duraient 45 minutes, je créais des sous-vêtements en soie couleur pétard. Des pièces de podium réalisées par un petit fabriquant lyonnais qui fournissait Pigalle. Comme tout le monde ne proposait que du blanc, noir ou chair, la presse s’est enflammée… Et, Alain Bernardin m’a proposé de créer les costumes mais je ne voulais pas me spécialiser en lingerie sexy. J’ai vu depuis tous les spectacles et, aujourd’hui, comme directrice artistique, j’interviens sur l’ensemble du show. Cette adrénaline m’excite, même si travailler dans l’urgence pour un spectacle de renommée internationale me stresse. Alors que mes proches eux trouvent cette rencontre évidente…
Vous impulsez une touche très parisienne au show avec 4 numéros inédits, comment travaillez-vous?
J’ai visionné la trentaine de tableaux du répertoire pour en choisir 10 où j’ai la possibilité de montrer ce que je sais faire. J’apporte ma note. Puis j’ai imaginé 4 histoires inspirées de ce qui me nourrit: Louise Brooks, Marie-Antoinette, Moulin-Rouge, les pin-up des années 50 jamais vulgaires. Je viens de régler les lumières en éliminant le vert et le bleu pour privilégier le rose, le rouge et le noir et blanc dynamisé de mauve. Je vois bien le côté esthétique, impertinent, mais j’attends musiques et chorégraphies pour anticiper l’effet visuel.
Vos codes mode s’adaptent-ils au spectacle ou les contraintes de la scène imposent d’autres exigences?
Les danseuses ne sont pas des mannequins, elles sont plus petites, entre 1m69 et 1m73 avec des corps sensuels de sportives. Il faut donc que j’adapte les tenues et change les coupes de mes collections pour qu’elles puissent danser. Mais ce qui relie nos univers est l’esprit glamour qui avec humour dessine une belle image de la femme. Elle n’est ni soumise ni dominatrice mais l’égale de l’homme.
Sur scène vous habillez ou déshabillez les filles?
Elles sont plus habillées que d’habitude pour pouvoir justement se dénuder davantage. Dans un esprit moins sexuel mais plus décalé avec davantage de jeu et de strip-tease comme dans ce tableau très drôle: La Crise où une femme
P.-D.G. craque.
la troupe porte votre emblématique perruque noire, la bouche rouge, des dentelles, nœuds, capitons… Vous aimeriez être sur scène?
J’y serai, en tout cas le premier soir! Ensuite, 2 shows par jour… impensable. Mais comme pour mes défilés j’aime garder la personnalité des filles, dans les numéros en solo ou en duo elles apparaîtront sans perruque. En revanche pour l’effet de groupe ça fonctionne bien. Et, j’accueillerai souvent les spectateurs dans mon univers boudoir car j’habille aussi l’espace.
L’énergie du show se traduira-t-elle en collection exclusive de Crazy lingerie?
Voilà une excellente idée, merci! En lingerie, on travaille avec des délais à 1 an et demi mais j’ai un prototype de porte-jarretelles et soutien-gorge noirs imprimés de bouches qui pourrait faire sensation. Idéal pour la réouverture en novembre de ma boutique qui s’embellit rue Saint-Honoré!
Sylvie Gassot