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Femmes et jihad

Femmes et jihad AFP. / D.R.


Elles sont de plus en plus jeunes à vouloir participer au jihad au Moyen-Orient, que ce soit en Syrie ou en Irak. C’est le cas de deux adolescentes bosniaques, Samra et Sabina, âgées respectivement de 16 et 15 ans, qui ont quitté l’Autriche pour rejoindre la bannière de l’État Islamique et du Front al Nusra.
 

Elles sont plusieurs Européennes à avoir suivi la même voie que les deux jeunes Bosniaques. Selon une dépêche de l’AFP s’appuyant sur des statistiques du gouvernement français, près de 63 femmes seraient impliquées dans les filières jihadistes vers la Syrie et l’Irak.

Ce serait le cas de la sœur de Mohamed Merah impliqué dans une série d’attentats terroristes en France, qui est soupçonnée d’avoir rejoint la Syrie, avec ses enfants. Souad Merah avait même déclaré être «fière» de son frère lors d’un entretien filmé à son insu. C’est également le cas de Fauzia Mohamed, originaire d’Espagne, âgée de 19 ans, et de Shannon Maureen Conley, 19 ans, une Américaine. Salma et Zahra Halane, des jumelles originaires de Grande-Bretagne, ont également quitté leur famille en juin dernier pour combattre sous la bannière de l’islam. «La femme doit partir au combat comme l’homme», préconise Oum Jihad qui a combattu en Syrie, dans une entrevue publiée sur le site radical Ansar al Haq.

«Parmi ces adeptes du jihad, on trouve par exemple des femmes qui ont envie de s’engager en faveur des opprimés pour rétablir une certaine justice, d’autres qui souhaitent vivre dans un cadre conforme à leurs convictions religieuses. D’autres encore s’inscrivent dans une conception plus romantique, pour trouver un mari aussi vertueux qu’elles tant par ses qualités de combattant dans le sentier d’Allah que dans la vie conjugale», explique Géraldine Casutt, Doctorante-chercheuse suisse travaillant sur les femmes jihadistes à l’Université de Fribourg et à l’EHESS.
 

Cette participation croissante des filles d’Ève s’est manifestée dernièrement par la création de deux bataillons féminins par l’État Islamique (EI), apparus pour la première fois dans la ville syrienne de Raqqa. Les bataillons “al-Khansaa” et “Umm al-Rayan” sont constitués de

jeunes filles célibataires âgés entre 18 et 25 ans. Selon une dépêche de l’AFP, publiée en août, les militantes de la brigade al-Khansaa sont armées et ont le droit d’arrêter et de fouiller n’importe quelle femme dans la rue.

Ce phénomène s’est également manifesté au Liban, l’année dernière, par l’arrestation de Joumana Hmayed, une habitante de Ersal accusée d’avoir tenté de faire passer une voiture chargée d’explosifs à un barrage de l’armée libanaise.

«Le jihad apporte la promesse d’une récompense céleste, dit Um Farouk, une Libanaise appartenant à la communauté salafiste. Les femmes sont principalement chargées d’aider leurs hommes dans l’accomplissement de leur devoir jihadiste», ajoute-t-elle.

Parmi les nombreuses responsabilités des “moudjahidates” figure le devoir de prendre soin des moudjahidines et de leur progéniture, les encourageant à emprunter le chemin du jihad.

L’importance du rôle de la femme est, par ailleurs, soulignée par les blogs et les publications radicales émanant de al-Qaeda et de l’EI. «Les publications d’al-Qaeda soulignent le rôle opérationnel des femmes [dans les attentats terroristes] qui est largement ignoré, ainsi que leur implication sur le plan culturel dans cette société particulière», explique le Dr Magnus Ranstorp, spécialiste des mouvances radicales.

Le site radical Manbar al Tawhid wal Jihad conditionne la participation des femmes au jihad. «Elles peuvent suivre leur mahram (leur protecteur mâle, habituellement un père ou un frère ou mari) et jouer un rôle de soutien dans la guerre», signale Abu Abed al-Fatah, l’auteur du texte.

Cette tendance est symptomatique de plusieurs transformations sociales notamment dans les pays européens où les Musulmanes se sentent souvent victimes de discrimination. «Il y a donc une volonté de trouver une alternative à un monde dominé par des structures occidentales, qu’elles soient mentales, matérielles ou politiques, et qui sont jugées profondément injustes et peu inclusives, notamment lorsqu’il s’agit de l’Islam», commente Mlle Cassutt. Dans un contexte occidental où l’islam est souvent montré du doigt, l’attrait pour le jihad exprime la volonté d’un certain renouveau universel. «Il peut se manifester chez des personnes qui considèrent que leur identité musulmane est en danger, notamment par le biais d’un sentiment d’appartenance à une «oumma» transnationale qui est identifiée comme étant opprimée, méprisée mais aussi sclérosée. Le jihad apparaît donc comme un moyen de restaurer et de régénérer la communauté musulmane, en reproduisant notamment les conditions remontant à l’époque du Prophète et ses compagnons, tout en proposant un projet de société idéale», ajoute-t-elle.

Une autre puissante motivation utilisée par les jihadistes réside dans la menace de la fin du monde, d’une apocalypse imminente. Les filières jihadistes prônent le salut de l’âme dans l’au- delà, «al Akhira», ce qui représente un puissant outil d’endoctrinement. «C’est le cas d’une Libanaise au nord dont le mari a été tué par le régime syrien avant la révolution et qui a vendu ses biens et tout abandonné pour rejoindre les rebelles», raconte Mohamad, un opposant syrien à Ersal.

Les femmes sont une puissante source de motivation pour les combattants. Leur présence peut être utilisée comme un outil de propagande servant à répandre le message des mouvances radicales autant qu’à remonter le moral de leurs troupes. «La femme apparaît dans la rhétorique jihadiste comme une actrice essentielle et nécessaire, notamment pour pérenniser l’entreprise jihadiste sur place, en fondant par exemple un foyer», selon Mlle Cassutt.

Ce phénomène n’est toutefois pas nouveau mais date de la décennie précédente. En 2002, des Tchétchènes portant des ceintures explosives ont retenu en otage avec 40 autres militants plus de 800 personnes dans un Théâtre de Moscou. L’attaque a causé la mort de 130 civils. Pour certaines de ces femmes, le jihad en Syrie s’associe à la lutte contre le gouvernement russe, qui s’oppose à l’indépendance de la Tchétchénie (région musulmane), et contre son allié Bachar el-Assad.

Alors que les islamistes radicaux ont longtemps eu recours aux femmes pour des attentats suicide, ils semblent leur avoir attribué récemment de nouvelles tâches militaires, en leur permettant de monter au front. Dans les années 2012 et 2013, le rôle des jihadistes au féminin semble avoir évolué, plusieurs vidéos montrent des brigades de combattantes en burka s’entraînant au tir de pistolets, au fusil d’assaut, aux mitrailleuses et aux lance-grenades. Les Talibans ont ainsi formé des femmes pour combattre les forces de la coalition occidentale en Afghanistan, une pratique reprise par certaines filières d’al-Qaeda dans le Sud et l’Asie centrale.

La création d’une telle force constitue une escalade inattendue dans l’exploitation des femmes dans la guerre en Syrie et en Irak que ce soit par le front al Nusra affilié à al-Qaeda ou par l’EI. À l’avenir, le phénomène prendra sans doute de l’ampleur, les femmes s’imposant de plus en plus sur la scène terroriste par le biais d’une féminisation prononcée du jihad.

L’État Islamique et l’esclavage des femmes
Selon Catherine Russell, ambassadrice itinérante chargée des questions relatives aux femmes dans le monde au département d’État, entre 1 500 et 4 000 femmes appartenant principalement aux minorités religieuses irakiennes auraient été kidnappées par l’État Islamique en Irak. «Ces deux derniers mois, des cas d’enlèvements de femmes et de filles arrachées par milliers à leurs familles et vendues sur les marchés n’ont pas cessé d’être signalés, ce qui est bien tragique», ajoute l’ambassadrice. Ces femmes et leurs filles sont torturées, violées, données en «épouses» aux combattants de l’EI ou retenues comme esclaves sexuelles. Les militants terroristes auraient battu les enfants pour forcer les mères à se convertir à l’Islam. Certaines se sont suicidées pour se soustraire à l’esclavage sexuel, d’autres ont été exécutées. «Des centaines de femmes et de filles ont été enlevées d’Irak pour être emmenées dans des camps en Syrie, et on n’a plus jamais entendu parler d’elles», conclut-elle.

Mona Alami

 

 

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