Bijoux sur ordonnance
Ce ne sont pas des bijoux comme les autres. Ils ne s’appellent pas «bague» ou «collier» mais «attelle», «minerve» ou «prothèse». Marine Dominiczak crée «des objets thérapeutiques pour corps stigmatisés dont la dimension ornementale suscite une curiosité saine.» Dans ce travail à la limite entre le bijou et l’œuvre de plasticienne, chaque pièce est conçue à partir de cas concrets de patients, qu’il s’agisse d’une prothèse capillaire en textile ou d’une attelle de doigt semblable à deux bagues siamoises qui immobilisent les phalanges. «Ainsi, le corps est valorisé dans sa différence, parce qu’il est inscrit dans un outil esthétique.» Son projet le plus ambitieux a conduit Marine en Corée du Sud à la rencontre de patients passés par la chirurgie esthétique faciale; à partir des volumes qu’ils abandonnent pour aiguiser leur visage (rondeurs des joues, du nez ou du menton), elle a fait des moulages qu’elle a associés en un drôle de pendentif serti de caoutchouc. Les cas les plus pathologiques lui ont même inspiré Medusa, un miroir dérangeant qu’elle a moulé… sur un poulpe vivant.
www.marinedominiczak.com
Valérie Appert