Le Liban s’est construit une réputation de tortionnaire en matière de maltraitance des employé(e)s de maison. Mais la réalité est parfois toute autre: des femmes traitées comme des membres de la famille vous tournent le dos aprÈs dix ans de confiance vous réalisez À un moment donné qu’elles se sont joué de vous. C’est ce que Jocelyne vient de vivre. Et elle est encore sous le choc.
La Sri-Lankaise Lali était la femme de ménage de celui qui allait devenir mon mari. Elle avait les clés de la maison et gérait tout dans un climat de confiance absolue. Elle était discrète, efficace et effacée. Lorsque nous nous sommes mariés, je l’ai bien sûr gardée et j’étais ravie d’avoir affaire à une personne si délicate. Et puis elle aimait bien notre chienne et la gardait lorsque nous partions en voyage. Pour moi, une personne qui aime les animaux ne peut être que foncièrement bonne. Les années ont passé et nous avons entre-temps déménagé; nous avons gardé Lali qui faisait l’aller-retour jusqu’à chez nous en taxi (que nous avions l’habitude de lui régler, bien sûr) parce que ses documents n’étaient pas à jour et qu’elle avait la trouille de se faire coincer. En fait, elle avait travaillé légalement durant les cinq premières années de son arrivée au Liban. Elle avait un «tuteur» qui lui renouvelait ses titres de séjour et de travail tous les ans… mais l’homme a eu le malheur de mourir. Elle s’est trouvée un autre garant qui l’a carottée de $ 2 500 sans que son cas soit réglé. Elle est entrée depuis dans la clandestinité mais cela semblait l’arranger et, quelque part, chacun de nous trouvait y son compte: elle était libre et nous la rémunérions largement pour ses heures de ménage.
Avec le temps, elle s’était comme intégrée dans notre vie et nous lui faisions entière confiance. Elle ne touchait à rien, Lali avait de l’élégance et aucune avidité. Sa noblesse me fascinait. Pour moi, cette femme était une leçon de vie. Il y a quatre semaines, elle me demande de lui avancer 600 000 LL. destinées à sa mère qui devait se faire opérer du cœur. Elle a tout de suite obtenu les $ 400. Elle s’est proposée de travailler gratuitement pour les rembourser, mais nous avons refusé cette formule drastique. Nous avons établi un plan de payement qui lui permettait de recevoir la moitié de son salaire, pour ne pas la mettre à sec. Et puis le lundi où nous l’attendions comme de coutume, elle n’est pas venue et n’a même pas appelé pour nous prévenir. J’ai pensé qu’elle était malade (elle toussait la dernière fois et je lui avais donné un sirop et des antibiotiques). J’ai fait le ménage et puis je lui ai passé un coup de fil: téléphone fermé. Nous avons appelé le lendemain… Toujours rien… Le surlendemain (mercredi) j’ai demandé au taxi d’aller voir chez elle si tout allait bien. Il me dit qu’elle s’était rendue avec son frère à la Sûreté Générale… Que le frère avait voyagé et qu’elle avait disparu! J’étais tétanisée à l’idée de la savoir en prison, dans le froid et sans doute mourant de faim. J’ai vraiment remué ciel et terre, mais je n’avais pas son nom: juste un prénom. Ce n’était pas suffisant pour la localiser. Sachant parfaitement comment est traitée la main d’œuvre étrangère dans cette prison inhumaine, j’en étais malade. Finalement le fidèle chauffeur de taxi, après s’être rendu une deuxième fois sur place m’a annoncé qu’elle avait pris l’avion avec son frère et que cela faisait en fait deux mois qu’ils organisaient leur retour au Sri Lanka…
J’ai été très choquée de réaliser qu’une femme en qui nous avions pleine confiance, s’est avérée fourbe et cachottière… Je ne pense pas pouvoir faire confiance de nouveau à quiconque…
Témoignage recueilli par B.I.
Une histoire à raconter? Prenez contact sous pseudo avec belibrahim@gmail.com