Vivement le 7 mai. Pour ne plus voir leurs photos. Tout le long des routes et des autoroutes. Sur les façades des immeubles, et sur les fils tendus d’un côté à l’autre de la rue. Pour ne plus lire tous ces slogans – à deux balles –. Qui sonnent creux, car ce sont eux, justement, qui les lancent. Pour ne plus entendre les uns affirmer qu’ils sont les plus forts. Les seconds promettre de protéger et construire. Les autres asséner qu’il est temps, même si cela fait un bail qu’ils sont là. Et enfin les derniers brandir leur grigri bleu comme ultime planche de salut, pendant que certains en sont à prendre le pouls de la population. Madame ne citera que ceux-là. Elle oublie bien des prétendants au strapontin législatif. Elle n’a retenu ni leur face, ni leur nom.
Vivement le 7 mai. Pour qu’elle puisse de nouveau regarder ses chaînes télévisées locales, sans avoir tout à fait l’impression qu’on la prend pour une parfaite imbécile. Pour que les journalistes redeviennent des journalistes. Qu’ils arrêtent de brosser des portraits si idylliques de tous ces candidats… Du moins, des quelques candidats qui ont les moyens de ce dépoussiérage, que dis-je, de ce lifting d’image! Ces documentaires où soudain ces messieurs dames sont irréprochables. Adorables. Drôles. Beaux. Jeunes. Riches. Sexy. Généreux. Galants. Mignons. Pères parfaits. Maris aimants. Épouses idéales… (Au cas où par inadvertance une qualité serait oubliée, prière de l’ajouter avant les trois points précités. Merci). Des portraits de famille qui rappellent rien moins que ceux de la reine d’Angleterre. Des histoires qui se terminent bien. Diana, sans Camilla. Des dynasties, des fratries, des descendances, de belles demeures. C’est le rêve, sur écran à défaut de papier glacé. Paris Match et Point de Vue n’ont qu’à bien se tenir.
Vivement le 7 mai, pour que les émissions télévisées ressemblent de nouveau à des contenus journalistiques, et non à des produits de com si bien limés, que les propres attachés de presse et les chargés de communication de ces mêmes candidats, eux-mêmes, en auraient pâli!
Même si tout ça peut être si drôle aussi. Madame a bien ri, elle veut bien l’admettre, lorsqu’à cette émission où des enfants posent les questions préparées par des grands, et malgré une mise en scène à coup de cloche de cours de récréation qui rendrait plus d’un sympathique, le contact de ces marmots et de leurs bouilles innocentes, n’a pas pu sauver le candidat… C’est bien le comble, quand le politique n’en demeure pas moins antipathique! Lorsqu’il échoue même à cet examen a priori si facile. C’est dire combien le cas est désespéré. Irrécupérable.
Aussi, vivement le 7 mai, pour qu’enfin ce cirque s’arrête. Pour que cette grosse blague cesse. Et surtout cette pollution visuelle. Madame, soudain, a hâte de retrouver sur ces panneaux publicitaires, les images de son détergent favori, qui lave plus blanc que blanc. À publicité commerciale nul n’est tenu. Madame n’en voudra pas au détergent s’il ne tient pas ses promesses, ni ne respecte ses engagements. Promis.
Vivement le 7 mai donc, pour les revoir tous sous leur vrai jour. Pour que leur naturel revienne au galop. En espérant que oui, certains noms, certains visages, disparaîtront à jamais. Relégués dans les poubelles de l’histoire.
Vivement Le 7 mai. Parce que c’est presque l’été. Même si pas encore tout à fait. Parce que l’on sort les maillots. L’on s’étend sous le soleil, lumineux. Et l’on regarde au loin. Vers un horizon plus bleu. Vers un avenir plus prometteur. Et l’on oublie tout. Le passé.
Mais pour cela, il faut que le résultat qui ressort des urnes ne soit pas un remake du passé.
Et sinon, ben tant pis. Madame reprendra les mêmes. Et recommencera. Rebelote.
L.Z.