«Le plus de rangements possible, pour le plus d’espace à vivre possible!», lance Camille Hermand. Cette jeune femme qui a su à travers une riche carrière combiner architecture et architecture d’intérieur, reste une femme à l’esprit pratique. Certes elle n’hésite pas à bousculer les codes de la décoration osant des associations originales, mais elle garde toujours en tête l’aspect pratique; ne pas oublier qu’il s’agit après tout d’un lieu de vie et non pas d'un espace figé juste bon à être publié sur papier glacé! C’est bien pour cela que cette jeune architecte est plébiscitée par une clientèle variée.
Un lifting réussi
Cela faisait un demi-siècle que cet appartement situé dans un immeuble années 30 dans le très chic 16ème arrondissement de Paris n’avait plus été rafraîchi. Camille Hermand s’est trouvée donc en charge d’un lourd chantier qui nécessitait plus qu’un simple rafraîchissement. Il s’agissait d’une restructuration entière de l’espace et des revêtements ainsi que la mise aux normes de l’électricité, de la plomberie, de l’isolation phonique et thermique…
L’avantage de cet appartement de 170 m2 est qu’il ne contenait quasiment pas de murs porteurs, ce qui a permis à l’architecte de remanier entièrement la distribution des pièces.
Pour les propriétaires et leurs deux enfants, elle crée trois chambres à coucher avec leurs salles de bains attenantes et un espace à vivre assez spacieux pour accueillir un coin bureau.
L’architecte a commencé par habiller le sol d’un beau parquet fait de larges lattes de chêne clair afin de conférer une certaine chaleur à cet intérieur aux murs d’une blancheur éclatante inondé de lumière grâce aux larges baies vitrées.
Camille Hermand a pris le parti de la légèreté; trois suspensions en verre flottent comme des bulles de savon au dessus de l’élégante table ovale conçue par Eero Saarinen pour Knoll entourée de chaises dessinées par Ray et Charles Eames pour Vitra. Un mobilier dont l’épure est balancée par la présence de la commode ancienne, meuble de famille que les propriétaires ont souhaité intégrer à leur nouvel appartement de style contemporain.
On retrouve les mêmes tons noir et blanc du séjour dans la cuisine où l’îlot central en granit du Zimbabwe sert aussi bien de plan de travail que de table de repas. D’ailleurs, la cuisine a été conçue comme un réel espace à vivre tout comme le séjour. Les placards y conjuguent une finition laquée et un placage en bois.
Afin d’occulter l’écran de télévision et le radiateur, l’architecte a eu recours à une astuce; ceux-ci peuvent disparaître grâce à un panneau coulissant recouvert d’une peinture qui imite un tableau noir sur lequel on peut noter à la craie la liste des courses ou les pense-bêtes.
Une touche d’exotisme cachée vient égayer cet ensemble bichrome: les salles d’eau! Elles semblent flotter sur un fond de papier peint qui évoque une jungle très années 70, créé par Matthew Williamson pour Osborne & Little et baptisé évidemment «Sunbird»!
Dans la chambre d’un des garçons c’est un hommage à Paris et son emblématique Tour Eiffel qu’a voulu rendre Camille Hermand en recouvrant les murs d’un panorama graphique de la ville lumière alors que l’autre chambre arbore un papier peint au décor géométrique dans une ambiance bleu pastel.
Quant à la chambre parentale, on y trouve un magnifique papier peint en guise de tête de lit. Tout un pan de mur abrite une enfilade de placards laqués blanc dont les poignées de portes sont quasiment invisibles laissant à peine deviner cet immense espace de rangement. Dans la salle de bains attenante qui joue la carte du design graphique bicolore, l’architecte a privilégié une douche à l’italienne.
Camille Hermand a su redonner un nouveau souffle à un appartement bourgeois en l’inscrivant dans une nouvelle modernité, le tout sans perdre de vue l’aspect fonctionnel et le confort.
R.C.