Facebook est le lieu où tout se passe: les rencontres, les séparations, les étalages, le voyeurisme. Mais de là à imaginer qu’on pisterait en quelques heures une chienne en fugue, ceci relève presque du service de renseignement. Et pourtant… Voici l’histoire de “Liù la douce”, une golden retriever âgée de 10 ans qui a eu envie d’aller voir ailleurs au grand dam de ses maîtres.
Ça s’est passé un samedi après-midi, raconte Carine, alors que mon mari jardinait tranquillement et que notre chienne faisait des allers-retours du côté de la forêt juste en face de la maison, comme à son habitude. Nous habitons un rez-de-jardin à l’orée de la forêt. Dans un «dead end» qui arrange les amoureux du silence que nous sommes. Liù a l’habitude de gambader hors de notre champ de vision mais juste pour un court moment. Elle réapparaît toujours lorsque nous l’appelons. Ce jour-là, je n’étais pas à la maison. Je ne suis rentrée qu’à 20h15. Mon mari me reçoit en me disant gravement «Liù a disparu depuis 17h00. Je l’ai cherchée partout, en vain.» Je ne peux décrire l’effet de cette annonce: un couteau planté en plein cœur.
J’étais littéralement tétanisée.
Il faisait nuit et je ne voyais pas comment elle allait revenir. Il était clair pour nous deux qu’elle avait été enlevée. Et là, nous nous sommes dit que l’incertitude était la pire des choses. Que nous n’avions qu’un seul choix, celui de l’attendre. Mon mari s’est tout de suite mis à l’œuvre sur son ordi pour préparer un avis de recherche avec une récompense pour la personne qui nous aiderait à la retrouver. Il voulait le placarder le lendemain partout dans la région. Je lui ai proposé de le poster sur Facebook en attendant. Sachant qu’il existe plusieurs associations spécialisées dans l’accueil et l’adoption de chiens perdus. L’annonce achevée agrémentée de deux photos de Liù a donc été postée et relayée sur les pages de «Beta - Beirut for the Ethical Treatment of Animals» et «Animals Lebanon».
Bien entendu, les ami(e)s se sont mobilisés, atterrés par cette mauvaise nouvelle, d’autant plus que Liù possède sa page sur FB, jouit d’une relative notoriété et qu’elle est très aimée par ses «amis». Deux interminables heures ont passé. Mon mari, esquinté, est rentré dormir avec l’idée de lancer l’avis de recherche le lendemain, très tôt le matin. Moi j’étais incapable de bouger, les yeux rivés sur mon téléphone branché sur FB, attendant sans trop y croire, un miracle. Vers 23h30, le portable de mon époux commence à émettre des sons bizarres: WhatsApp, messages, tous insistants. Et puis des appels que je peinais à prendre, n’étant pas familière avec les Android. Je me précipite dans la chambre pour le réveiller, j’étais certaine qu’on nous donnait des nouvelles de Liù. En effet, lorsqu’il a rappelé, une personne au bout du fil lui a dit avoir recueilli Liù chez elle depuis l’après-midi, et qu’elle avait posté une annonce pour cela sur la page de Beta, photo à l’appui, et voilà qu’elle tombe sur notre annonce.
Le comble? C’était que Liù se trouvait dans la rue parallèle à la nôtre alors que nous la pensions séquestrée très loin de chez nous. Nous avons tout de suite réagi et l’avons ramenée au bercail en remerciant le ciel de nous avoir évité l’épreuve de la «volatilisation» d’une chienne qui fait partie de la famille et à laquelle nous sommes très attachés.
Bien sûr que nous nous sommes juré de la tenir à l’œil pour qu’une pareille épreuve ne se reproduise plus, surtout qu’elle est fofolle et a tendance à n’écouter que ses instincts. Quant à Facebook, souvent décrié par certains utilisateurs, nous lui devons, au final, l’économie de beaucoup de douleur… Merci qui?
B.I.