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PURÉE DE CAROTTES ET CHOUX-FLEURS AUX ÉPICES

Mme à Beyrouth

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Madame succombe au charme de la Corniche

Madame succombe au charme de la Corniche D.R.

Au printemps, plus qu’en d’autres saisons, Beyrouth est ville de lumière. Éblouissant, le soleil appelle Madame à se lever bien tôt. Cet horizon bleu, ce ciel dégagé… ne sont que légèreté. Contrairement à l’été où le soleil de plomb et la moiteur de l’air alourdissent ses mouvements, Madame est énergique. Aussitôt, elle prend la voiture. Tant qu’elle roule, elle la voit. La mer. Cette grande bleue, tantôt à droite, tantôt à gauche. Tantôt dans le rétroviseur. Tantôt elle lui fait face lui donnant cette impression de liberté. Alors qu’en été, il faut mettre la clim à fond, en ce mois de mai Madame succombe au luxe d’ouvrir les deux fenêtres. De laisser entrer le vent. Et de foncer vers cet horizon ouvert. Qui semble tendre les bras. Prometteur.

Alors, Madame gare sa voiture et s’en va marcher sur la Corniche. Elle pose son regard sur la mer. Et court. Par petites foulées, elle décroche de la terre ferme. Même si ses pieds touchent encore ce sol bétonneux. Même si son regard doit de temps à autre se détacher des vagues, histoire d’esquiver les cyclistes impénitents, les enfants, les chiens… Madame va vite le replonger au loin. Perdue dans le vague, elle y noie ses pensées, et oublie tout. Sans occulter le fait qu’elle est d’ici. Mais cet ici, prend des proportions différentes. Beyrouth est alors une ville enchantée. Comme toutes ces villes côtières de la Méditerranée. Jounié, Jbeil ou Sidon. Et ces autres villages qui ont les pieds dans l’eau. Où il suffit de se réveiller. De sortir de chez soi. Pour voir la mer. Luxe inouï. Invite au voyage. Appel du large, auquel Madame va succomber, rien qu’en pensée…

Même si certains ne vont pas loin. Ils ont intégré ce paysage. Qui au-delà de rythmer leur quotidien, fait partie de leur être. Tel «l’homme et la mer», ce pêcheur qu’elle retrouve depuis des années attendant le poisson au même endroit. Et ces autres, bronzés d’hiver en été, affalés sur les mêmes rochers. Chacun s’en est approprié un! À l’image de leurs rochers, ces hommes semblent inamovibles. Immuable aussi, est «le vieux et sa chaise». Nom qu’elle a donné à ces quinquas, sexas ou septuagénaires… qui semblent ne se réveiller que pour se retrouver! Les voyant arriver dès l’aube chacun avec son strapontin, Madame se demande ce qu’ils ont à se raconter de si bon matin. Leurs vies passées? Elle a du mal à les imaginer ailleurs que sur ce tronçon de trottoir, face à la mer. L’espace public prend alors des allures si privées, qu’elle est tentée de leur présenter de plates excuses pour être passée aussi près…

Faut dire que comme eux, Madame aime arriver au petit matin, sur la Corniche. Même si elle, y termine une soirée ou y clôture une nuit blanche. Au chaud dans sa voiture, cette fois, elle n’a qu’à ralentir devant cette échoppe répondant au nom paternaliste de tonton, qui veille à servir le client à toute heure, pour moins que rien. Luxe ultime, juste le temps de baisser la vitre, et la boisson chaude (thé ou café…) lui sera livrée. Parce que soudain, tout est Magie. Parce que Madame ne sait même plus l’heure qu’il est. Ou qu’il fait. Parce qu’au lever du jour, on commence à peine à voir la couleur de la mer. Parce que le ciel prend des tonalités indéfinies. Mais aussi, parce que l’heure bleue touche à sa fin. Alors, avant que tous les autres, sportifs d’un jour, de tous les jours, ou simples badauds et touristes… se réveillent! Avant qu’ils envahissent la Corniche et, surtout, la transforment le dimanche en un vaste parc d’attraction pour familles nombreuses et amoureux du week-end. Parce que la Corniche a plusieurs vies. Et parce que Madame a vécu sa tranche, Madame rentrera dormir. Histoire de prolonger ce songe d’une nuit de printemps. De se remémorer la couleur de la mer, du ciel, de ces yeux rieurs. Bleus, gris, verts… elle ne sait plus. Qu’importe, puisqu’elle a succombé.
À ce charme. Éphémère?

L.Z.

 

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