C’est un poids que vous traînez partout. D’une vie à une autre. Il est si oppressant qu’il survit à plusieurs réincarnations. Certains portent leur croix, et d’autres, leur boulet. Le boulet karmique peut prendre plusieurs formes. Il est également bisexué. Il alterne entre la frappe frontale d’un homme et la perfide douceur d’une femme. Son plan de vie? Parasiter la vôtre en permanence. Le boulet de vie est un harceleur/voyeur avide de tout ce qu’il peut prendre. De préférence des billets verts. Il est obsessionnel de stockage: terres, bâtiments, vêtements, tout est bon pour mettre de côté, du moment qu’il vous en prive. Le boulet karmique est prêt à tout faire pour vous étouffer. Il s’immisce dans votre vie impunément, même après que vous l’ayez chassé par la grande porte et publiquement. Il prendra la tangente, la porte de service, et se liera d’amitié avec toute personne susceptible de lui rapporter une info – aussi minimale qu’elle soit – à votre sujet. Le boulet karmique fait en sorte de rester dans votre vie malgré vous. Il a trouvé le moyen de devenir l’ombre de votre ombre, mais surtout l’ombre de votre chien.
En bon stratège, il joue la carte du tendre, du fragile, de l’incompris. De temps en temps, il évoque un mal-être et pourquoi pas, un suicide à programmer. C’est un maître chanteur qui se moque de tout et de tous et qui mène tout le monde en barque à commencer par les siens. Ses premières victimes sont sa famille proche qu’il vampirise sans pitié. Le boulet karmique est une sangsue, une plaie. Un être totalement sans foi ni loi qui ne se prosterne que devant l’argent et qui se vend au premier venu. Il est également friand de messes basses. Le genre de personne qui baisse le ton dès qu’il vous repère dans les alentours. Histoire de casser du sucre sur votre dos. Parce que vous tourner en dérision le rassure et lui donne l’illusion de vous supplanter. Mais là où il se croit maître, c’est vous qui êtes la maîtresse. Dans ce rapport de force qu’il maintient en sourdine, en pro des terres promises à reconquérir, il alterne entre la carotte et le bâton, tantôt proche et aimable, tantôt distant et méprisant.
Il est des êtres, comme lui, voués à ne jamais évoluer. Ils ne peuvent que stagner dans des cercles vicieux dont ils ne sortiront jamais. À la recherche d’un temps perdu qu’ils ne retrouveront jamais… Surtout lorsqu’ils réalisent qu’ils se sont fait des cheveux blancs en vous mettant un fil à la patte au lieu de profiter de la vie. Une vie tout compte fait bien éphémère qui donne au boulet karmique un arrière-goût d’inachevé alors que les années qui lui restent se comptent à peine en décennies. Et puis ce sentiment de n’avoir rien réalisé soi-même en essayant de vivre la vie des autres est bien dérangeant. Surtout à l’heure où l’option maison de retraite est brandie par son entourage, aucun de ses proches n’ayant la moindre velléité de l’accueillir pour adoucir ses dernières années. Mais ceci est de bonne guerre. Un boulet est fait pour s’en délester. Surtout s’il est karmique. En attendant une prochaine vie.
B.I.