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23 JUILLET-23 AOÛT

 

Mme à Beyrouth

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La poubelle de Madame

La poubelle de Madame D.R.

Madame vit dans une ville qui s’est transformée en une poubelle à ciel ouvert. Pourtant Madame reste plantée là. Et elle bénit le ciel! Oui, elle a beaucoup de chance. Les bennes de son quartier se situent à l’autre bout de la rue. Ses voisins ont moins de bol. Les sacs débordants de déchets entassés ont muté en un monstre tentaculaire qui a fini par boucher l’entrée de leur immeuble. Jour après jour, ces habitants sont envahis par leurs propres déchets. Madame se félicite même… Elle se dit que tout ceci aurait pu être bien pire et se produire en hiver. Emportés par les pluies diluviennes, tous ces détritus auraient alors jonché les rues… noyant le citoyen dans sa propre merde. Une attaque du troisième type qui place chacun face à ses excréments. Et tout un peuple dans un instant de vérité ultime.

Mais, le comble, c’est que pendant ce temps, ils en discutent encore. L’entreprise chargée de la collecte des ordures depuis plus de 20 ans. Les ministres. Les députés. Presque les mêmes depuis 20 ans. Ou les enfants de ceux qui étaient là, 20 ans plus tôt. «C’est de ta faute. Non c’est de la tienne.» Et faute d’être tombés d’accord, les voilà qui renvoient la discussion à la semaine suivante. Pendant que les ordures, elles, s’accumulent. Aussi, Madame a sorti le masque. Histoire de respirer le moins d’air vicié possible. Elle se méfie des petites particules qui flottent. Autant que des grosses cylindrées qui transportent tous ces «Responsables» qui, comme à l’habitude, se défilent! «Moi je ne suis pas responsable de cette situation… de merde. C’est lui, le responsable…»

Et les journaux qui titrent placidement qu’«à ce jour pas de solution à la crise des déchets». Une crise? Une catastrophe plutôt, faite d’affairisme, de complaisance et de médiocrité de tous bords. Se cantonnant aux intérêts imminents et au gain rapide, cela fait des années qu’on laisse faire sans qu’aucune exigence ne soit formulée. Ni pour attribuer ce marché juteux, parmi tant d’autres. Ni pour faire des efforts afin de le mériter et de se maintenir au top, en tentant de viser l’excellence en matière de service public. Et pourtant, la société privée et les ministères ont tous bénéficié d’un délai de 20 années pour sensibiliser le peuple au tri et au recyclage. Et pour proposer au citoyen une politique durable assurant une solution écologique au problème des déchets, ainsi qu’à celui de la décharge litigieuse.

Au lieu de cela, ils ont tous préféré reporter le problème. Ou l’enfouir sous terre. Ou encore faire semblant de ne pas le voir en le renvoyant aux régions éloignées… La politique de l’autruche. Comme d’habitude. Et c’est bien cela, plus que tout, que Madame leur reproche. Car Madame a remarqué qu’il s’agit d’un modus operandi traduisant leur incapacité à proposer des solutions, qui ne se limite donc pas à la question de la poubelle. En effet, s’il y a bien un point commun à toutes les faillites de l’État libanais, à commencer par la loi électorale, c’est bien le manque de vision dont se sont rendu coupables les différentes parties, au fil du temps. À chaque fois, à l’échéance, c’est la débandade! Alors, faute de solution, on proroge. On recycle. Non, pas du carton, du papier, du plastique et des bouteilles en verre. Mais les mandats ou autres monopoles concédés à des incapables, et les salaires mirobolants qui vont avec.

Des échéances, qui à chaque fois se soldent par des déchéances, donc. Trahissant la date de péremption, largement dépassée, de toute une caste politique. Qui, plus elle s’accroche, plus elle empestera. Finalement c’est peut-être le sac poubelle – de trop – qui a fait déborder le vase. En plein mois de juillet. En pleine chaleur.

Après avoir tout vu et tout entendu dans ce pays, la voilà qui respire de la puanteur. Et, par la température ambiante, Madame n’a même plus le choix entre la Peste et Le Cholera. Les deux la guettent! Aussi, ses cinq sens ayant été épuisés, aujourd’hui, plus que jamais, elle sait qu’elle ne peut plus les sentir. Tous.

L.Z.

 

 

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Editorial

Durant la saison estivale Femme Magazine ne chôme pas. Elle a décidé de balancer son ras-le-bol et sa colère par-dessus les détritus nauséabonds amoncelés à tous les carrefours de la ville, de se débarrasser des ondes négatives et des émanations toxiques sécrétées par la puanteur et le chaos général dans le pays, et de continuer à sourire et à faire sourire…

En août, Femme Magazine continue à carburer comme d’habitude, elle s’attelle à la tâche pour semer la bonne humeur, pour garder ouverte cette fenêtre sur le glamour, la culture, la détente et le rêve qu’elle offre à ses lectrices et lecteurs au début de chaque mois.

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