Des centaines d’heures de création, de belles matières, un soin tout particulier accordé aux détails, la Fashion Week Haute Couture de Paris reste le rendez-vous incontournable qui conjugue créativité et glamour.
CHANEL: Karl Lagerfeld et L’art de repousser les limites
La collection a été dévoilée devant une vingtaine de célébrités dans les allées du Grand Palais transformé en casino géant. Au son d’une musique électronique, les mannequins s’avancent, coupes au carré et tailleurs en tweed du futur. Monsieur Lagerfeld a distordu la matière, scindé le métal au laser, assemblé la structure sur des modèles en 3D. Cela donne des ensembles rigides mais techno scintillants. D’autres tenues, plus aériennes, font valser les superpositions de tulle, de plumes métallisées ou de sequins sur des robes cocon ou des manteaux courts. Point final: Kendall Jenner qui parade en tailleur-pantalon blanc.
DIOR: Le jardin des délices
La dernière collection de Raf Simons prend l’allure d’un conte de fées complexe à l’issue incertaine, dans un décor qui aurait pu être peint par Jackson Pollock. Ce n’est pas par hasard que le créateur a intitulé sa collection «Le jardin des délices», une évocation du fameux triptyque de Jérôme Bosch. On y passe du Paradis perdu à l’Enfer, en s’arrêtant dans un jardin étrange. Cela pourrait être une allégorie de notre quotidien.
ZUHAIR MURAD: Star Cather
Zuhair Murad monte au firmament. Direction les étoiles! Quatre thèmes pour une collection: Corps célestes, Lune en sunlights, Nuances Sidérales et Irrésistibles Ascendants. Sur le podium, une pléiade de robes longues ou courtes, fourreaux fuselés, drapés aériens, tailles soulignées, mais aussi bodies et jumpsuits. Aussi des constellations de broderies, paillettes et cristaux, nocturnes féeries d’un monde de rêves. Tulle de soie, crêpe Georgette, crêpe de soie, organza, velours et fourrures ont la cote.
ATELIER VERSACE: Collection éthérée
La Maison Atelier Versace avait donné rendez-vous à ses fans au Palais Brongniart à Paris où se pressaient de nombreuses célébrités du monde de la mode et du divertissement. À mi-chemin entre le songe d’une nuit d’été et un conte médiéval, le défilé était surprenant, quand on sait combien Donatella Versace revendique la «sexy attitude». Robes de mousseline effilochées dans des teintes pastel, robes de fées, dos ornés de fleurs de velours, diadème floral, un défilé touché par la grâce!
ELIE SAAB: Shades of gold
L’or dans tous ses états chez Elie Saab. Le créateur revient à ses débuts, lorsque la touche «gold» était partout. Ses fourreaux se parent de fils d’or, les broderies sont magnifiées de passage en passage avec ajouts de perles, de cabochons, de paillettes. Robes empire, robes caftan, capes et traînes, les clins d’œil au Moyen-Orient se multiplient. Les décolletés font leur effet, les dos sont mis en valeur. La mariée laisse bouche bée, sa robe rappelle celle que portait la femme d’Elie lors de leur union en 1990. Une façon pour le créateur de célébrer ses noces d’argent.
FRANCK SORBIER: Neiges éternelles
La collection est dédiée à Jacques Mouclier, décédé le 22 juin, ancien président de la Fédération française de la Couture. Franck Sorbier fait vibrer le blanc et baptise toutes ses tenues de noms de célèbres montagnes: Mont Blanc, Mont Everest, Mont Rainier… Mais surtout, il décline le blanc dans tous ses états et met en avant le talent de ceux qui ont créé chaque étoffe, pensé chaque pli, rêvé chaque dentelle.
JEAN PAUL GAULTIER: Bienvenue en Bretagne!
JPG invite à faire un tour dans cette région aux célèbres traditions et ceci dès l’accueil, avec distribution de galettes aux invités. Sur scène, les références se multiplient dans leur version couture: robe tablier, veste marinière, sabots… Les tailleurs-pantalons célébrant les fameux costumes s’enchaînent avec le velours à l’honneur, alors que les broderies typiques s’installent partout jusque sur les bottes.
FENDI: Fourrures et savoir-faire
Le décor du Théâtre des Champs-Élysées a reproduit le célèbre tableau de Giorgio de Chirico, «Piazza d’Italia» pour accueillir les 50 ans de haute fourrure de la Maison Fendi, signée Karl Lagerfeld. Oiseaux de paradis et fleurs exotiques paradent avec un travail à la main de découpes, d’effets de plumes, de vagues dans des peaux luxueuses, avec la réapparition de l’hermine, du lynx, mais aussi de l’aspect acier 100% fourrure, obtenu grâce à un nouveau traitement. Les brodeurs français Lesage et Hurel ont apporté leur savoir-faire en utilisant du cristal, de la mousseline, des patchworks de fourrure…
GIAMBATTISTA VALLI: Ode à l’orange
Le tulle et les couleurs vives ont envahi le catwalk installé aux Tuileries. Orange is the new black, une phrase qui colle parfaitement aux créations présentées par le couturier italien. Une couleur frôlant le fluo qui promet de booster cet hiver. Robes longues en organza, tulle, pantalon en raphia métallique, broderies, jaune moutarde, orange et imprimé floral rythmés par de gros accessoires, sont les points marquants de cette ligne.
GEORGES HOBEIKA: Tout en fleurs
Le couturier libanais a investi le Palais de Tokyo pour un défilé raffiné. Sur les silhouettes élégantes se détachent en relief des fleurs luxueuses. Les ceintures dorées enserrent les tailles comme un liseré en or. De lumineuses broderies se matérialisent en une myriade de jasmins, de muguets, de pensées… Les décors bleus et blancs éclatent dans un lumineux contraste comme pour annoncer la lumière du soleil couchant. Un savoir-faire précis et délicat, pour un thème floral éblouissant sur de précieuses étoffes.
GEORGES CHAKRA: Glamour des années 50
Robes de bal brodées et motifs peints à la main pour Georges Chakra. Une longue série de robes à traîne à la taille marquée, de jupons de danseuses et de fourreaux drapés fendus aux coupes asymétriques s’enchaînent sur le podium bleu roi du palais de Tokyo. Paillettes, franges, pour un glamour assumé. La robe de mariée est à l’image de la collection, immaculée et constellée de cristaux.
RALPH & RUSSO: Un bijou de défilé
Ralph & Russo est le premier label britannique en près d’un siècle qui intègre le calendrier de la semaine de la haute couture. Cette saison, les tailleurs s’incrustent de cristaux et de mosaïques de perles tandis que des motifs en forme d’ogives ornent les vestes. Les motifs des broderies ton-sur-ton prennent des allures géométriques, même les brocards sont parés de bijoux. Le défilé a été clôturé en apothéose avec la belle Ana Beatriz Barros et sa somptueuse robe de mariée.
SCHIAPARELLI: La muse Elsa
Le créateur français Bertrand Guyon a expliqué s’être inspiré d’Elsa Schiaparelli elle-même, quand elle était jeune, avant l’ouverture de sa maison de couture en 1935. Il explique: «Elle était probablement une femme plutôt réservée, plutôt timide mais avec le sens du théâtre, de l’extravagance mais toujours mesurée, chic.» Les clins d’œil à la couturière reviennent comme une ponctuation: le poudrier en forme de cadran téléphonique dessiné par Dali et les motifs chers à Schiaparelli: le soleil, les étoiles, le cœur transpercé et le cadenas.
STÉPHANE ROLLAND: Art Déco
Stéphane Rolland a présenté dans ses salons privés une succession de robes sculpturales, illuminées de touches d’or et métallique. Un esprit Art Déco règne sur des longs fourreaux longilignes aux volumes 3D. Des bustiers en silicone moulés sur le buste et du gazar thermo-collé enveloppent une combinaison pantalon. Une collection lumineuse signée par cet architecte du vêtement.
J.M.K.
