Pour commencer, êtes-vous vraiment Australienne?
Je suis née en Angleterre. J’ai vécu au Pays de Galles avant de m’installer en Australie et d’acquérir la nationalité de ce pays. Je suis donc techniquement Anglo-Australienne. Mais de cœur également puisque j’adore littéralement ces deux pays.
Difficile de vous rencontrer à Paris avant la Fashion Week et de vous découvrir si élégante (Elle portait un tailleur bleu ciel cintré) sans vous demander: Êtes-vous une fashion-victim?
Merci pour ce joli compliment. Mais non, pas vraiment. J’aime acheter et porter de beaux vêtements, mais ce que je fais surtout c’est créer mon propre style avec des pièces de différentes marques et collections. Comme cela j’ai le sentiment d’être moi-même une fashion designer..
Parlez-nous du film «While We’re Young».
Je le considère comme un très joli film sur le temps qui passe et aussi sur la possibilité ou pas de se rencontrer entre générations et de se comprendre. J’y interprète une femme mariée, la bonne quarantaine, sans enfants, qui va avec son mari s’immiscer dans la vie d’un jeune couple, délaissant les amis de leur âge et croyant ainsi retrouver eux-mêmes leur jeunesse perdue. Tout cela est traité par Noah Baumbach sur un ton de comédie romantique qui donne à réfléchir. Et puis j’y ai de merveilleux partenaires, Ben Stiller, Adam Driver et Amanda Seyfried.
Vous étiez-vous imaginée en Hitchcock Blonde comme on dit, avant d’être pressentie pour la nouvelle version de «The Birds»?
Tout a commencé lorsque le réalisateur Rodrigo Garcia m’a offert un rôle dans son film «Mother and Child». Il m’a alors dit qu’il était à la recherche d’une actrice qui pourrait apparaître à l’écran dans un style Grace Kelly, en d’autres termes comme la Hitchcock Blonde par excellence. Avant cet épisode, je ne m’étais jamais imaginée de cette manière. Et je suppose que plus tard, probablement de façon inconsciente, j’ai commencé à me comporter comme si je l’étais. Et c’est sans doute pourquoi j’ai été désignée pour tenir le rôle initialement campé par Tippi Hedren dans «The Birds». En tout cas, les jeux ne sont pas encore faits et le projet relatif à ce film tarde à être concrétisé.
La princesse Diana, le projet avorté d’un film sur Marilyn Monroe, et puis «The Birds». N’est-ce pas trop pour une seule actrice?
Je suppose que oui. Seulement voilà, pour l’instant il n’y a qu’un seul tournage. Mais il est vrai que le fait que l’on pense à moi pour tous ces personnages est en réalité très flatteur. Et puis si j’ai dit oui, cela signifie aussi que je me sens capable d’assumer le poids de tous ces grands rôles et de les jouer bien.
Pour vous préparer à jouer Lady Di, comment avez-vous abordé le fait que le personnage a vraiment existé?
Bien sûr, le fait qu’elle ait existé a rendu la partition quelque peu différente, mais en même temps je ne voulais surtout pas présenter une imitation de Diana. Je devais devenir cette femme, et pour cela je devais travailler sur le script comme je le fais pour les autres rôles, ce qui implique de laisser aller mon imagination et de composer le personnage par petits bouts. Et puis j’ai lu des articles et regardé des photos et des interviews télévisées de Diana afin de saisir son comportement et sa façon d’être. Disons que j’ai fait un mélange des deux, en travaillant d’une part sur le personnage réel et puis aussi en y apportant un peu de ma propre perception.
Comment était le travail sous la direction de Clint Eastwood dans le film «J. Edgar»?
Je me souviens être arrivée sur le plateau lors de mon premier jour de travail sur «J. Edgar», beaucoup plus nerveuse que je ne l’avais jamais été auparavant. Et cela était dû au fait que je considère Clint Eastwood comme étant l’un des plus grands réalisateurs vivants. Je l’avais rencontré en amont du tournage bien sûr, mais je ne pensais pas entendre parler de lui à nouveau. Donc quand j’ai appris qu’il avait effectivement pris la décision de me confier le rôle de la secrétaire de
J. Edgar Hoover, alias Leonardo DiCaprio dans le film, j’étais naturellement comblée de joie et en même temps morte de peur. Pourtant, toute cette angoisse a disparu dès que nous avons commencé le tournage de ma première scène. Probablement parce que j’ai découvert l’homme extraordinaire qu’il est et sa capacité à faire que ses acteurs se sentent à l’aise devant sa caméra. Il vous amène en douceur à exprimer exactement ce qu’il attend de vous, et cela fonctionne. J’ai vécu là une de mes expériences d’actrice les plus extraordinaires et épanouissantes.
Et que dire de Leonardo DiCaprio?
Voici un grand artiste aussi. Leonardo passait sept heures par jour dans les quartiers du département maquillage afin de changer son apparence et devenir J. Edgar Hoover. Et pourtant, il arrivait plus tard sur le plateau, frais comme une rose et se mettait à plaisanter avec tout le monde tout en se tenant prêt à tourner dès que Clint Eastwood prononcerait le mot magique de «Action!». DiCaprio est un curieux mélange d’énergie et de talent avec de surcroît, un sens aigu du détail qui lui fait accorder une attention au moindre geste qu’il doit accomplir face à la caméra.
Parlez-nous de «King Kong» de Peter Jackson, dans lequel vous avez repris le rôle précédemment tenu par Fay Wray et aussi Jessica Lange?
J’ai aimé faire ce film sous la direction de Peter Jackson, l’homme qui est à l’origine de «Lord of the Rings» et de «Hobbit» au cinéma. J’ai été impressionnée en jouant le même rôle que Jessica Lange avait tenu dans les années 70, et Fay Wray, dans les années 40. Pourtant, on m’avait donné comme instructions de ne pas visionner ces deux premiers films avant de commencer les prises de vue, ceci afin de ne pas être sous l’influence de Jessica ou de Fay.
Mais n’aviez-vous jamais visionné ces films?
Oui bien sûr, quand j’étais plus jeune. Mais j’en avais oublié les détails.
Comment vous sentez-vous en tant qu’Australienne à Hollywood?
Et bien, je m’y sens très à l’aise, surtout que je ne suis pas la seule si l’on considère Nicole Kidman, Russell Crowe et Cate Blanchett, mes compatriotes et amis. En fait, je crois que nous nous débrouillons tous très bien. Pourtant, par rapport à eux, je ne suis pas une authentique australienne, comme je vous l’ai expliqué un peu plus tôt.
Propos recueillis à Paris
par Nabil Massad