On n’a jamais vu autant d’expositions consacrées à la mode que ce soit à Paris ou à Londres! Il faut croire que la mode est considérée désormais comme faisant partie des arts nobles tout comme la peinture ou la sculpture!
Elle s’appelle «Les Ondes». Ou «L’Idole». Mais «Les Ondes» lui va comme un gant: c’est une longue robe noire, évasée autour des mollets. Le bas de la jupe est «cerclé» de fins boudins de taffetas comme une crinoline le serait de cerceaux d’acier. «Les Ondes» a été conçue pour un défilé de mode qui devait clore l’inauguration du paquebot Normandie en 1935. On imagine sans peine l’ondoyant va-et-vient de la robe autour du mannequin qui descendait le magistral escalier du paquebot… Il y a toujours une promesse de mouvement dans une tenue signée Jeanne Lanvin. Même si comme ici, elle repose sur un mannequin inerte. Ou au fond d’une de ces grandes boîtes-vitrines ouvertes comme des pianos à queue. Est-ce dû à la légèreté de l’étoffe ou à la fluidité de la coupe, magnifiées par des jeux de miroirs? Toujours est-il que dans la pénombre du Palais Galliera, la mode selon Jeanne Lanvin reprend vie, jamais datée ni désuète, avec la fraîcheur d’une Belle au Bois dormant que l’on réveille d’un long sommeil.
Bien sûr, la plus ancienne maison de couture encore en activité fait toujours l’objet de défilés, avec les modèles féminins créés aujourd’hui par son directeur artistique Albert Elbaz. Mais ce sont les pièces historiques de la Maison, sorties du fond du palais Galliera et associées à des modèles conservés dans le patrimoine de la marque, que l’on découvre ici. Des robes de jour ou de réception créées par Jeanne Lanvin entre 1900 et 1946, année de sa disparition. Jeanne Lanvin? Un bout de femme discrète, dont les photos d’époque révèlent la silhouette ordinaire, qui n’avait ni l’extravagance d’une Elsa Schiaparelli ni le sens médiatique de Coco Chanel. Pourtant, la jeune modiste qui cousait des chapeaux de poupées pour les magasins de jouets a su au fil de sa carrière atteindre des sommets d’élégance et habiller le Tout-Paris. Elle commence petit, en dessinant pour sa fille Marguerite, née en 1897, des robes d’enfant puis de jeune fille, des modèles au format miniature mais déjà luxueux qui séduisent autant les petites filles que leurs mamans. En 1909, Jeanne Lanvin ouvre sa maison de couture avec des collections pour adultes. Mais Marguerite devenue femme restera toute sa vie la muse adorée de sa mère et la meilleure ambassadrice de sa mode raffinée.
Valérie Appert
