Autrefois, les erreurs médicales qui entraînaient la mort ou l’impotence des patients étaient attribuées au «destin». De nos jours, la révolution technologique et les moyens de communication offrent aux victimes la possibilité de dénoncer ces erreurs, de recourir à la justice et, partant, d’obtenir des dédommagements. Cependant, nombreux sont ceux qui, résignés, hésitent encore à déclarer leur accident ou à intenter un procès. D’où la difficulté de déterminer le chiffre exact des victimes des erreurs médicales. Ces individus redoutent les longues procédures, les expertises financièrement difficiles à assumer, mis à part l’incertitude de l’aboutissement de leur démarche. Sans oublier le manque de confiance dans le corps médical et l’Ordre, souvent qualifiés de «mafieux».
Une consultation des rapports de la Commission d’enquête professionnelle au sein de l’Ordre des Médecins montre que 67 requêtes ont été examinées en 2014 et transférées au Conseil de l’Ordre afin qu’il prenne les dispositions nécessaires. 53 dossiers ont été classés faute de responsabilité professionnelle, 2 retransmis à la Commission d’enquête, un autre au ministère de la Santé et 11 référés au Conseil disciplinaire. Parallèlement, de janvier à mai 2015, sur 28 plaintes déposées, 22 ont été classées, 6 déférées au Conseil disciplinaire qui a prononcé une suspension provisoire de travail, 2 blâmes, et décidé de 3 classements de dossiers, faute de preuve de la responsabilité professionnelle.
Toujours est-il que le contexte est explosif depuis que le pédiatre de la petite Ella Tannous, amputée des quatre membres à la suite d’une infection bactérienne, a été emprisonné. Et les exemples ne manquent pas…
Marlène Aoun Fakhouri