Depuis deux ans, le père de la «Fête de la musique» est aux commandes à l’Institut du Monde Arabe. Celui qui fut le flamboyant ministre de la Culture et de l’Éducation de l’ère Mitterrand semble tout à fait dans son élément à l’IMA, n’hésitant pas à programmer une session de hip-hop intitulée «Du Bronx aux rue arabes» à la suite d’un concert hommage à Abdel-Halim Hafez et avant un spectacle de flamenco!
Vous êtes la personnalité politique préférée des Français. Comment expliquez-vous cette popularité?
Il ne faut pas jouer le faux modeste… Cela me touche. Je crois que c’est le fruit du travail accompli année après année dans les domaines de l’éducation, des droits de l’homme… Ce n’est pas une popularité spontanée et épisodique. Ce ne sont pas tant les sondages favorables qui m’importent que la chance que j’ai d’être en rapport direct avec les gens partout où je vais, dans la rue, dans le métro, dans les villages… c’est un privilège incroyable car j’aime ce rapport humain!
Vous êtes le père de la «Fête de la musique», qui a fait des petits dans le monde et notamment au Liban. Vous attendiez-vous à un tel succès?
Lorsque j’ai lancé cette idée en 1982, je ne savais pas si elle allait susciter un engouement. D’ailleurs au départ, l’idée a rencontré des réticences, du scepticisme et même des moqueries. On s’est quand même acharné, année après année, afin que l’événement se déploie partout, dans les villes et les villages, pour ensuite traverser les frontières.
C’est devenu une célébration presque aussi incontournable que le 14 Juillet!
C’est exactement ce qu’a dit l’historien et sociologue Edgard Morin dans une préface d’un livre consacré à la Fête de la musique! (Rire) Il comparait la Fête de la musique au 14 Juillet en tant qu’événement civique. C’est une célébration qui reste inscrite dans la mémoire des gens. Pendant 24 heures on a l’impression que le temps est suspendu. C’est un symbole de liberté et de respect envers les autres.
Vous êtes à la tête de l’IMA depuis 2 ans. En quoi l’IMA pourrait être utile dans un contexte où la culture arabe est en crise; extrémisme religieux, crise identitaire des jeunes Français d’origine arabe…
L’IMA joue un rôle de lien entre l’Orient et l’Occident en œuvrant à faire reculer l’ignorance à travers des colloques, des expositions, des échanges…
Souvent on confond Arabe et Musulman et les Chrétiens d’Orient sont perçus comme une «espèce exotique» en voie de disparition. Que peut faire l’IMA pour cela?
Hier soir, ici même, 500 personnes se pressaient pour assister à une conférence et un échange sur les Chrétiens d’Orient et ce n’est pas une première. Il y a eu également des études et des publications sur ce thème notamment dans le magazine Al Qantara. Parmi nos missions, la préservation du patrimoine Chrétien d’Orient. Et vous avez raison, le monde arabe n’est pas que musulman et les Musulmans ne sont pas forcément Arabes.
R.C.
