Elle est connue pour sa beauté, sa sensualité et son caractère bien trempé. Ses frasques de jeunesse sont immortalisées par de nombreux tatouages sur ses bras. Aujourd’hui, Angelina Jolie, 39 ans, forme avec Brad Pitt le plus célèbre couple de la planète. C’est en tant que réalisatrice du film «Unbroken», que nous la rencontrons. Face-à-face à l’Hôtel Bristol à Paris, en l’honneur de la sortie du film qui relate l’histoire du héros
de la Seconde Guerre mondiale, Louis Zamperini.
Après «In the Land of Blood and Honey», vous réalisez “Unbroken”, une œuvre dotée d’un très gros budget. Comment avez-vous affronté ce projet?
Tout d’abord, je souhaiterais éviter d’entrer dans les détails de mon premier film que je n’aime pas particulièrement. En tout cas, plus maintenant. Avec le recul, je le considère comme un ratage. Mais peut-être qu’il me fallait passer par là avant de trouver mes marques en tant que cinéaste et avoir les capacités requises pour affirmer ma personnalité et mon talent derrière la caméra.
Pour répondre à votre question sur la manière dont j’ai affronté le projet de «Unbroken», je dois admettre que j’ai puisé ma force et mon énergie dans le caractère bien trempé de Louis Zamperini, le héros de mon film. Cet homme qui était un voisin à Los Angeles, et qui est décédé en juillet dernier, était devenu un ami proche. Et le fait de construire mon scénario autour de sa vie, de son courage et des épreuves qu’il a subies pendant la Seconde Guerre mondiale, m’a galvanisée. J’ai à mon tour affronté Hollywood et ses producteurs, des hommes surtout, dans le but de prouver qu’une femme, en l’occurrence moi-même, pouvait réaliser une œuvre cinématographique d’une pareille envergure au même titre que n’importe quel homme. Et j’ai réussi mon pari.
Vous vous considérez donc comme un Zamperini au féminin?
Non, ce serait trop prétentieux et démesuré de ma part. Ce que Zamperini a vécu va bien au-delà des difficultés que j’ai pu rencontrer pour concrétiser le projet. Je dirais juste que j’ai eu besoin d’autant de foi en moi qu’il a eu en sa propre personne pour tenir bon, mais ceci, toutes proportions gardées.
Est-il toujours aussi difficile pour une femme de se frayer une place dans l’univers du cinéma?
Plus que jamais. Si l’on excepte Kathryn Bigelow qui réalise des films à gros budgets (The Hurt Locker entre autres, ndlr) et quelques jeunes femmes cinéastes indépendantes, il apparaît clairement que le cinéma hollywoodien est fabriqué par des hommes. Et tant que ces messieurs qui tiennent les rênes du budget considèrent les femmes comme des créatures qui ont pour seule envie artistique de raconter des histoires «de filles», donc à l’eau de rose où romantisme et shopping font bon ménage loin de toute réalité politico-sociale, ils ne prendront jamais au sérieux un projet ambitieux que leur soumettrait une créature de sexe féminin.
Propos recueillis à Paris par Nabil Massad