Coup de foudre! On s’aime, on se jure fidélité, on se marie et on se dit que l’on vieillira ensemble… Mais est-ce la preuve d’un amour éternel? Ou est-ce tout simplement le résultat d’efforts constants pour faire durer une entente cordiale après que les feux de l’amour se soient apaisés? Une question qui turlupine les amoureux mais aussi les psychologues, les sociologues et même les neurobiologistes. Tous tentent d’expliquer un phénomène vieux comme le monde: l’Amour. Quel en est l’élément déclencheur, y a-t-il un amour ou des amours, et surtout combien  de temps l’amour dure-t-il?

État des lieux
Fut un temps où la majorité des mariages étaient arrangés; on choisissait pour son enfant un conjoint du même milieu social, ayant reçu une éducation similaire et bien sûr partageant la même religion. Souvent, l’aspect financier était pris en compte, à moins que l’une des deux parties n’ait été intéressée par un titre de noblesse ou une distinction prestigieuse.
Alors que les mariages arrangés sont encore de mise dans certains pays comme l’Inde où même dans la haute société, cela n’est plus le cas en Occident et beaucoup moins fréquent au Liban.
Mais le constat est alarmant: depuis cinquante ans que le mariage d’amour se généralise, les divorces sont de plus en plus nombreux. Et pas que chez les jeunes couples. Les seniors s’y mettent aussi! D’après l’Institut National de la Statistique (Insee), le taux de divorces a été multiplié par cinq depuis un demi-siècle, et celui des plus de 60 ans a augmenté de près de 30%…
Il faut dire qu’il y a un siècle,l’espérance de vie pour un homme était de 50 ans contre 78 ans aujourd’hui; le couple ne s’inscrivait pas dans la durée dans les mêmes termes qu’aujourd’hui.

Un processus hormonal?
Dans son livre «Petits arrangements avec l’amour», la neurobiologiste Lucy Vincent assure que l’amour est tout simplement le résultat d’un processus chimique qui ne dure qu’un temps. Une sorte d’effet déclencheur qu’il nous appartient de faire subsister… ou pas.
Tout serait lié aux débuts de l’humanité où les couples se formaient dans le
but de perpétuer l’espèce. L’homme recherchait une femme à l’apparence saine, signe de fertilité, et la femme était naturellement attirée par un mâle musclé et courageux capable de la protéger et de subvenir à ses besoins et ceux de leur futur enfant. Le couple était programmé pour rester ensemble le temps que la femme mène à bien sa grossesse. Une fois l’enfant né, elle restait auprès de lui pour le protéger pendant que le père était leur principal pourvoyeur de nourriture. Quand, vers 3 ans, l’enfant commence à devenir quelque peu autonome, même si le père n’est plus là, la mère peut s’en occuper toute seule.

Bye-bye endomorphine, hello ocytocine
En pratique, c’est l’endomorphine qui provoque la dépendance de l’un à l’autre dans un couple. Les récepteurs de cette hormone son désensibilisés au bout de trois ans environ. Pendant cette période «d’amour aveugle», les défauts de l’autre sont estompés, voir occultés. On est persuadé que l’on a trouvé le/la partenaire idéal(e). Et puis un jour on commence à «découvrir» des aspects de la personnalité du ou de la partenaire qui nous agacent, jusqu’à ce que l’on ne puisse plus les supporter… C’est là où survient la tentation de la rupture.
Reste l’ocytocine, appelée aussi «l’hormone du câlin». Elle est stimulée lorsque l’on se caresse, que l’on fait l’amour ou tout simplement lorsque l’on passe ensemble des moments agréables, à discuter par exemple. La libération régulière d’ocytocine est le gage d’une relation susceptible de dépasser le seuil des trois ans, basée sur le bien-être et non pas sur l’amour-passion. Et le romantisme dans tout ça?… En gros, pour que l’amour dure toujours, il faut continuer à stimuler l’ocytocine. Vivent les câlins!

Passionné, mais lucide
Lorsque l’on tombe amoureux et que l’on a tendance à trouver son partenaire «parfait», il serait judicieux de prendre du recul afin de s’interroger sur ce qui nous charme et nous attire chez l’autre. Mais aussi passer en revue ses défauts. Qui n’en a pas?…
Or, c’est important de se faire une liste de défauts «acceptables» et surtout d’autres «inacceptables». Par exemple, une femme pourrait inscrire dans les défauts inacceptables la radinerie, la jalousie excessive et la possessivité. Autant on peut trouver la jalousie du partenaire flatteuse dans la phase de «l’amour aveugle», autant cette jalousie peut vite devenir pénible à supporter au quotidien surtout lorsqu’elle s’accompagne de violence.
Idem pour un homme près de ses sous; on pourrait se féliciter du côté «économe» de son amoureux. Mais lorsque sa radinerie doit être subie au quotidien et entraîner des situations embarrassantes en société, cela peut devenir rapidement invivable. Donc l’amour oui, mais avec une bonne dose de lucidité dès le départ. Que l’on se rassure, la lucidité n’exclut pas le romantisme!

La tempérance, gage de durabilité
Qu’on le veuille ou pas, l’amour passion ne dure qu’un temps. Les couples qui restent unis sont ceux qui acceptent de voir leur flamme se transformer en un sentiment d’attachement. Les crises étant inévitables, elles peuvent être surmontées grâce à des ajustements mutuels. Lors de certaines cérémonies de mariage, l’officiant ne dit-il pas que l’on sera «unis pour le meilleur et pour le pire»? Le tout est de ne pas être tenté de déguerpir au premier obstacle!

Rola Cusson