Peut-on croire à un recul des prix des voitures neuves dans le cadre d’une conjoncture favorable dans le secteur de l’automobile? Le billet vert continue son rallye vers le haut dans une économie libanaise fortement dollarisée alors que les valeurs des autres monnaies internationales de change, à savoir l’euro, le yen et le yuan, fluctuent dans le cadre d’une fourchette à la baisse. Parallèlement, le prix à la pompe diminue vu la baisse significative des prix du baril du pétrole sur les marchés internationaux, le prix du baril tournant autour de $ 34.
Éligibilité à un prêt-auto
On ne saurait trop le répéter: l’acquisition d’une voiture est un must au Liban. Le citoyen à moyen revenu lève l’option d’achat dès qu’il est éligible à l’obtention d’un prêt-auto bancaire. Les transports publics, dans les cas où ils couvrent des circuits déterminés, sont piteux vu la vétusté de la flotte utilitaire mise en service sur les routes, l’inexistence de taximètre ou de tarifs fixés par le gouvernement, et l’absence de tout contrôle des conducteurs qui souvent ont dépassé l’âge de se retrouver derrière le volant, avec des permis de conduire qui ne sont plus valides.
Quant au covoiturage, qui a le vent en poupe dans les grandes villes occidentales où des sociétés commerciales spécialisées dans l’organisation de tels types de trajets ont vu le jour, il n’est pas de mise au Liban. Plusieurs facteurs psychologiques et non d’ordre logistique entravent l’adoption de ce moyen de transport. La détention d’une voiture, par les jeunes et moins jeunes, relève d’une culture toute particulière au pays. Elle sert d’identification, de repère social et symbolise la confirmation d’une certaine autonomie.
Pour ce qui est de l’option taxi à la demande – même pour le cas de la compagnie Uber Taxi –, elle ne représente pas la solution la plus accommodante tant sur un plan financier qu’au niveau confort pour les trajets au quotidien.
Attentisme et prudence
Le carburant moins cher et la légère baisse des prix des voitures européennes et japonaises ne semblent pas avoir attiré l’attention des particuliers.
Pour les couples à moyen revenu, l’heure est à l’épargne et aux économies, la conjoncture au double plan local et régional étant plutôt sombre. La prudence des ménages a maintenu l’intensité de la demande sur les citadines neuves, soit de petites voitures modernes moins gourmandes en essence, bénéficiant d’options minimales pour une meilleure sécurité routière et proposées à un prix d’achat abordable. Les campagnes promotionnelles des importateurs de voitures neuves en disent long sur le paysage du commerce automobile du moment. Elles sont centrées en majorité sur cette catégorie de véhicules. En fait, les messages reçus sur les portables portent en grande majorité sur les autos dont les prix sont inférieurs à $ 15 000. La concurrence serrée entre importateurs sur les citadines neuves a poussé ces derniers à faire des concessions importantes en rognant sur leurs marges de bénéfices, accordant aux acheteurs des garanties d’exception sur certaines fonctionnalités et un service après vente gratuit sur une période plus ou moins longue. Quant au premier versement, les montants ont été grandement révisés à la baisse. En deux mots, les importateurs ont réussi au bout du compte grâce à toutes ces manœuvres maketing à faire progresser les ventes en 2015 de près de 4% sur un an.
Liliane Mokbel
