Diagnostic non invasif de la santé des artères
Les maladies cardiovasculaires longtemps considérées comme un mal essentiellement masculin, sont aujourd’hui selon l’INSEE (l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques) la deuxième cause de mortalité chez les hommes, après le cancer, mais la première chez les femmes. Vieillissement, déséquilibre alimentaire, sédentarité, hypertension, tabagisme, terrain génétique… Leur développement est endémique. Le pOpmètre, un appareil innovant vient de voir le jour, il permet de déterminer l’âge des artères et de mesurer leur rigidité.
Avec le vieillissement de la population, on prévoit une hausse de 50% du nombre de cas d’insuffisance cardiaque et d’infarctus au cours des 25 prochaines années. La pathologie sous-jacente aux maladies cardiovasculaires est l’athérosclérose (perte d’élasticité des artères) qui se développe sur de longues années. Lors de la manifestation des symptômes, généralement en milieu de vie, la maladie a déjà atteint un stade avancé. Il n’est pas rare que les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux surviennent brutalement provoquant souvent la mort sans que l’on puisse prodiguer les soins adéquats au malade. En agissant sur les facteurs de risque et en mesurant la rigidité artérielle, il est possible de prévenir la mort subite ou prématurée…
Le point avec le Docteur Magid Hallab, médecin interniste à l’hôpital de Nantes et inventeur du pOpmètre.
À quoi sert le pOpmètre?
C’est un appareil compact composé d’un boîtier électronique branché à un ordinateur et de deux capteurs de pouls à infrarouge que l’on fixe sur le doigt et l’orteil, pour mesurer les temps de transit des ondes des artères. Grâce à cette donnée, il est possible de mesurer l’âge des artères, de déterminer leur rigidité en quelques secondes, et de dépister les risques de maladies cardiovasculaires, de les prévenir et de mieux cibler les personnes à risque. Avec l’âge, la rigidité et la pression artérielles tendent à augmenter, ainsi que le risque de maladies coronariennes. Les facteurs de risque (surpoids, hypertension, diabète, tabac…) cumulés aux années de vie entraînent un épaississement de la paroi des artères qui perd de son élasticité. Plus cette paroi est épaisse, plus les artères sont rigides. Le cœur doit alors fournir davantage d’efforts pour «pomper» le sang; il se fatigue… Les artères «jeunes» sont souples et d’une épaisseur normale. Pour améliorer le dépistage et le diagnostic des maladies cardiovasculaires, qui font encore aujourd’hui chaque année 7 à 8 millions de victimes dans le monde, nos chercheurs se sont donc intéressés à la prise en compte d’un nouveau paramètre: la rigidité artérielle, considérée comme le meilleur indicateur de risque. D’où la mise au point du pOpmètre.
Comment fonctionne-t-il?
Cet instrument est non invasif. Un diagnostic rapide est réalisé, sans entraînement particulier. La mesure est obtenue en 20 secondes alors que la méthode «standard» nécessite un personnel qualifié et expérimenté, un équipement complexe, un matériel coûteux et un temps plus long. De plus, le patient doit se mettre à nu pour l’installation des capteurs de pression sur la carotide et la fémorale, et doit rester immobile pendant la capture des signaux (15 à 20 mn). Alors que le pOpmètre, discret, ne pénètre pas dans le corps. Il suffit de poser les deux capteurs tout en laissant le patient habillé. Un «atout» majeur pour cette région du monde où la pudeur reste importante.
Sur quoi repose le diagnostic?
Le principe est de mesurer le décalage temporel entre l’onde de pouls au doigt et celle à l’orteil pour déterminer, à partir de la taille du patient, la vitesse de cette onde. Plus les artères sont rigides, plus la vitesse est grande. Cette caractéristique reflète la qualité des artères, seule donnée valable pour prévoir les accidents cardiovasculaires.
Marlène Aoun Fakhoury
