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Octobre 2015 N˚268

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Territoire d’Affects ou HeartLand

Artistes Libanais en exil, éveil des réminiscences.

C’ est ce lien inexplicable et inextricable avec le pays qui ramène Joanna Abou-Sleimane Chevalier, commissaire de l’exposition, au Liban après une absence de plus de quinze années. Un père malade qu’il faut accompagner et veiller, et un sentiment d’inquiétante étrangeté…
Ce premier retour aux sources vécu avec réticence et appréhension va pourtant se transformer en une étonnante expérience.

«Yalla Beirut» sera la traduction de cette révélation. Une exposition qui déploie le travail d’une génération d’artistes libanais infatigables qui, à partir de leurs ateliers installés ou improvisés, imaginent, créent, s’expriment dans un élan vital de créativité.

Ce voyage «aller» va appeler, à l’image de ce lien duel avec le Liban, un voyage «retour», et le projet se construit lentement dans l’esprit de Joanna qui va à la rencontre d’artistes libanais ayant choisi ou subi l’exil, pour des raisons économiques, sécuritaires ou professionnelles, autour d’un seul et même questionnement: Quelle est la nature de ce lien atavique qui les rattache à leur Terre? Où en est cette patrie qui veille en eux comme si elle attendait son heure de gloire?

Alors dans l’esprit de ces créateurs exilés, les réminiscences vont se réveiller comme un parfum et exhaler des images initiales salutaires ou traumatiques. Certaines œuvres seront réalisées spécialement pour l’exposition, d’autres remaniées pour correspondre au plus près au message confié.

Il ne s’agit pas de raconter leur Liban à travers des images explicatives ou documentaires, mais de privilégier la voix de l’inconscient et du retentissement de l’affect; c’est-à-dire la voie de

l’abstraction et du décodage. Les titres des œuvres «Landescape» ou «The blues wont go away» par exemple, donnent quelques clés de lecture et révèlent une mélancolie faite de désir et de manque, qui imprègne l’ensemble des œuvres.
C’est donc une invitation à pénétrer dans la sphère intime et de ces plasticiens, à laquelle nous convie l’exposition «Territoire d’affects» ou «HeartLand», du 24 octobre au 29 novembre.

Sur 1 000 m2, au Beirut Exhibition Center, nous pourrons suivre le fil invisible qui relie le travail de ces artistes libanais venus des quatre coins du globe qui se croisent et se retrouvent à travers des œuvres monumentales, hyperboles du souvenir, des installations, mais aussi des images et des films.

La scénographie, réalisée par Galal Mahmoud en collaboration avec les étudiants du département d’architecture d’intérieur de l’Alba, s’efface avec pudeur et discrétion devant la sincérité de ces œuvres qui sonnent comme des aveux.

Joanna Abou-Sleimane Chevalier, épaulée par Nadine Zaccour dont l’implication a été indispensable dans toutes les phases de la production et de la logistique, prolonge cette expérience sensorielle par une performance culinaire le soir du vernissage, en invitant tous les sens autour d’une «Tawlet», où les plats sélectionnés par chacun des artistes sont autant de souvenirs électifs, résurrection des tablées familiales.

«Territoire d’affects» ou «HeartLand» est une convocation à une immersion dans les profondeurs insondables de l’affect. Pour cela il faut que le visiteur accepte de faire silence en lui et autour de lui; qu’il se déconnecte et s’abandonne à l’expérience qui lui est proposée et se laisse guider à travers ce labyrinthe d’émotions et de souvenirs.

Joëlle Hajjar

 

 

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Editorial

Chroniques de la vie ordinaire à Beyrouth

Se réveiller en sursaut au son assourdissant des marteaux-piqueurs, ouvrir la fenêtre et humer les odeurs pestilentielles dégagées par les poubelles amoncelées au coin de la rue devant l’immense tour en béton qui a remplacé le jardin de la vieille bâtisse abandonnée.
Remarquer les fils électriques grossièrement enchevêtrés suspendus en l’air.

Déambuler sur les trottoirs éventrés encombrés par divers obstacles ou squattés par les «valets parking». Admirer la valse des citernes bringuebalantes distribuant une eau d’une limpidité douteuse aux citadins dont les réservoirs sont à sec.

EXCLUSIF

«J’ai un caractère bien trempé»

Adolescente, elle faisait déjà la une des grands magazines de mode. Elle est ensuite devenue l’égérie de la marque Burberry entre autres, avant de se lancer dans le cinéma avec de petits rôles d’abord, puis en occupant le haut de l’affiche du film de Jake Schreier «Paper Towns» dans lequel elle interprète Margo, une adolescente fugueuse et mystérieuse à souhait.