La galerie Carwan, première galerie de design contemporain au Moyen-Orient, a exclusivement misé sur Karen Chekerdjian pour participer à la foire internationale Design Miami/Basel qui a fêté ses dix ans cette année, en marge d’Art Basel. Après avoir à plusieurs reprises présenté au cours des quatre dernières années le travail de Karen Chekerdjian, que ce soit dans le cadre de foires d’art internationales, de foires de design ou d’expositions collectives, la galerie a choisi de mettre en lumière, en exposition solo, la collection «Trans/Form».
Pré-exposition, Karen Chekerdjian a vécu cette expérience avec «beaucoup d’angoisse. J’avais très peur, confie-t-elle à Femme, de ne pas être prête pour un événement aussi important dans mon parcours. Je voulais être sûre d’être au niveau de l’événement le plus pointu du design: le Design Miami/Basel.» Une fois sur place, en s’activant sur le stand, les choses ne se sont pas arrangées, au contraire même. «Le niveau de stress a atteint à son maximum. Je voyais se monter autour de moi les stands des plus grands galeristes du monde. La tension ne faisait que s’amplifier.»
Point culminant, doute permanent, cœur battant, «par la suite, tout le stress est retombé et j’ai vécu un moment d’appréciation de tous les efforts fournis par mon équipe et moi, au cours des six derniers mois. Et là j’ai vraiment profité de chaque instant pendant la durée de l’exposition. C’était un véritable apprentissage d’être sur place et d’entendre les commentaires des plus grands collectionneurs, galeristes et commissionnaires de la planète.»
Le design pour voir la vie
La collection et sa créatrice ont été saluées par les commissionnaires, les collectionneurs et la presse. Signalée comme l’un des points forts de la foire par Henrietta Thompson du Telegraph Luxury, l’exposition de Karen Chekerdjian constitue selon Valentina Ciuffi (Living Corriere della Sera), «un ensemble harmonieux (dont) le résultat peut être défini comme de l’architecture d’intérieur». De son côté, Corine Stubi d’Espaces Contemporains relève cette exposition «à l’aspect futuriste composée d’objets qui ne cessent de se développer dans d’autres topologies».
«Trans/Form» est en effet une collection d’objets en édition limitée, inspirée par l’idée de la métamorphose des fonctions: quatre collections d’objets transformés et d’objets en transformation. Cela implique un état de transition, une situation fluide, flexible qui pousse à tout remettre en question, à perpétuer ainsi le changement et la mutation constante. Les objets exposés se situent dans un dialogue ininterrompu avec leur environnement, dégageant leur sens de ce qui les entoure, au moment où, simultanément, ils modifient leurs propres paramètres.
Cet état n’est pas un résultat qui se concrétise exclusivement dans les objets, mais qui s’insinue dans le processus créatif lui-même, parce que le design pour Karen, comme elle nous l’explique, «est une façon de voir la vie. Très ambiguë. Rien n’est vraiment noir ou blanc. Nous sommes dans une recherche continuelle. Il faut apprendre à vivre avec et observer cette évolution en nous, tout le long de notre travail. Le design n’est pas juste le dessin d’un objet mais une façon de voir notre évolution.»
Les commencements sont concrets et physiques, rarement conceptuels. Les fins sont capricieuses, jamais vraiment finales; une déclaration qui tonne. L’artiste s’explique: «Dessine-moi une table; les commencements sont toujours concrets. Mais par la suite les choses glissent et se transforment continuellement. On a du mal à les arrêter, à les fixer. Tout est en processus. Toujours. Rien n’est arrêté. On arrive rarement à une finalité de l’objet puisqu’il peut toujours se transformer.»
N.R.