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POULET RÔTI AU GINGEMBRE ET AUX ÉPICES

Mme à Beyrouth

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Les balcons d’Achrafié

Les balcons d’Achrafié D.R.

Aussi loin qu’elle s’en souvienne, Madame est achrafiote. Pur sang. De naissance. De descendance. D’appartenance. Achrafié, c’est presque sa religion. Quels que soient le rite, le quartier, la ruelle… Gemayzé. Geitawi. Mar Mikhael. Sioufi. Saïfi. Fassouh. St-Nicolas. Abdel Wahab. Trabaud. Tabaris. Furn el-Hayek. Mar Mitr…

Été 2015, Madame veut bien se poser sur son balcon, à Achrafié. Sa grand-mère ne lui avait-elle pas dit qu’Achrafié était située sur une colline, et que dans le temps, c’était un centre de villégiature? Elle lui racontait même cette vieille maison familiale aux plafonds hauts, dotée d’arcades, avec des carrelages amusants, que l’on a rasée depuis. À la place, comme des champignons, ont poussé non pas un, ni deux, mais trois immeubles. C’étaient les années 60. Ou 70. On changeait de style. Puis vinrent les années 80 et 90 qui virent ces bâtisses éventrées. Les neuves et les anciennes. De gros cratères marquisent leurs façades et leurs murs. Ou leurs toits. Ces années-là, le fait d’habiter le dernier étage se vivait comme une malédiction. Puisque c’est souvent là que venaient se loger les obus. Et les balcons étaient souvent condamnés, emmurés par des sacs de sable… car le franc-tireur embusqué dans l’immeuble d’en face, guettait!

Puis vient le temps de la Paix. Mais Madame n’aura pas la paix. Loin de là! C’est une guerre d’un autre calibre qui s’enclenchera. Avec la pelleteuse qui a tout rasé. Ainsi, après les décennies de bombardements, Madame va subir le boucan des chantiers pendant de longs mois. Puis, clap de fin des travaux. Et, ô rage, ô désespoir! Nulle trace de voisins. Pas un balcon en vue. À la place, des blocs de béton. Ou encore des tours entièrement vitrées. Madame ne reconnaît plus son quartier. Désormais, de toutes parts, surgit l’un de ces géants. Monolithique, hermétique… Déshumanisé. Il bloque son champ de vision. L’encercle. L’étouffe.
Alors, Madame dit au gratte-ciel:
«La brise des petits matins tu connais? Moi, je m’installe sur ma chaise au balcon, pose une assiette sur la table, et prends mon petit-déjeuner en sirotant mon café. Je garde aussi un œil sur les voisins. Ceux dont la fenêtre et le balcon ont toujours jouxté le mien. Et qui, comme moi, tiennent bon! Même s’il est vrai que beaucoup sont devenus poussière, et qu’il ne reste plus de trace de toutes ces vies… Surtout, j’entends les bruits de la rue, les klaxons, les conversations.
Toi, tu as beau le gratter le ciel, moi, de mon balcon, je n’ai qu’à lever les yeux, pour voir les rayons du soleil!»

D’ailleurs, de son balcon, lorsqu’elle se penche, le regard de Madame s’arrête des fois encore, émerveillé. C’est qu’il a repéré entre deux tours hideuses flambant neuves, quelques mètres de beauté. Une vieille maison, un perron, des escaliers, bien cachés… Même en friche, en ruine… Madame se dit alors que tout n’est peut-être pas encore perdu. Que ce combat que l’on mène pour tant soit peu conserver son âme, s’accrocher à son identité, sauvegarder ses richesses, sa mémoire, son histoire… peut encore être remporté, en partie! Pour cela, un bras de fer doit être officiellement décrété. Afin qu’ils ne fassent pas table rase du peu qui reste. Et qu’au final ne vienne le jour où Madame aura cette terrible impression, d’être une étrangère, à Achrafié.

Ce jour-là, en sortant au balcon, l’étreindra un instant d’hésitation: «Dubaï? Non, Achrafié.»
 

L.Z.

 

 

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Editorial

Anne Hidalgo, maire de Paris, souhaite «repenser les espaces de la capitale qui doivent concilier qualité de vie et lutte contre la pollution… Il faut reconquérir l’espace pour les piétons avec de grands aménagements qui nous permettent de mieux respirer.»

Des déclarations qui portent à réflexion… Qui songe à repenser Beyrouth?

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L’aventurière des temps modernes

Hardie et déterminée, elle lance en 2007 Akillis, sa marque de joaillerie, n’hésitant pas à rompre les codes feutrés de la haute joaillerie. La création de bijoux a toujours fait partie de sa vie, comme quelque chose d’inné, dit-elle. À mi-chemin entre James Bond Girl et Catwoman, Caroline Gaspard aime se fondre dans la peau de ces personnages pour créer des pièces révolutionnaires. Conversation avec l’intrépide.