SNOB… Ce mot très british est bel et bien né chez les Anglais. Et ce n’est pas par hasard! Le snobisme, ça les connaît! C’est à l’écrivain William Makepeace Thackeray qu’on doit la popularisation de l’expression, avec son fameux Book of Snobs (by One of Themselves) (!) paru au XIXème siècle, à l’époque victorienne. Ce «mal» fort contagieux se serait propagé peu à peu dans toute l’Europe avant d’envahir la planète. Au pays du Cèdre, cette denrée n’est pas rare.
Qui l’eut cru?! Étymologiquement, le mot snob serait la contraction du latin sini nobilate (sans noblesse). Le snob serait donc une piètre copie de la noblesse authentique (le mot «nob»).
Voici donc comment le «père» du snobisme le définit. On prend un peu de tous les ridicules de la nature humaine, auxquels on mêle quelques grains de bêtise, beaucoup de fanfaronnade, une certaine dose de trivialité et de prétention, de l’épaisseur dans l’esprit, et, surtout, une absence totale de ce qui est beau, noble et distingué; ce mélange fait un snob parfait. Aux dires de l’auteur anglais, le terme désigne également l’esclave de la mode (sous toutes ses formes) et des conventions de la vie factice. Le snob se montre pour être vu et dire qu’il y a été; il souhaite paraître, et appartenir à une classe supérieure à la sienne; il ne fait que ce qu’il croit être chic; il affiche une opinion qui n’est pas la sienne, parce qu’elle est de bon ton; s’agissant d’art, il conforme son jugement à celui de la majorité. Alors, serions-nous tous un peu, beaucoup, à la folie ou passionnément snobs? Serait-il possible que nous ne l’ayons jamais été? Mais gare aux snobs qui s’ignorent! Mièvrerie et affectation s’infiltrent sournoisement même chez ceux qui s’en défendent.
Être snob aujourd’hui?
En 1954, Boris Vian en avait fait une délicieuse apologie. Son «J’suis snob» prônait le fait d’arborer «des chemises d’organdi et d’impeccables souliers de zébu» et de s’adonner à la flânerie. Soixante ans plus tard, le concept reste le même: se croir au dessus du commun des mortels…
Vous pensiez être à la pointe avec votre jambon Belotta au brunch ou avec votre vélo «fixie» adopté en premier par les hipsters vers la fin des années 2000? Tout faux, il est (déjà) trop tard! Pour vous sauver des affres de la normalité, on vous livre le top assumé des vrais snobismes. Les snobs s’affichent. Ils déambulent nonchalamment, nez au vent, avec cette débauche de style et de légèreté joyeuse… Cet été, le cru 2015 est particulièrement corsé…
Pour être “in”
1- Le no gluten… Cette allergie opaque fédère une nouvelle génération d’adresses, de blogs, de recettes pour les malheureux intolérants à ladite protéine. Sachant que l’on peut supporter le quinoa ou le maïs mais pas l’orge ou le froment, voilà qui génère une alimentation pointue, semblable à aucune autre.
2- La «gyrokynesis»… Ce dérivé du yoga et du tai-chi, pratiqué assis sur un tabouret, ringardise toutes les formes de Pilates. Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni et Thomas Dutronc ont déjà enfilé leur justaucorps.
3- Ne pas détenir de compte en Suisse…
4- Un book photo sur son réseau social… Se prendre en photo devant son miroir? Vous n’y pensez plus! On fera désormais appel à Ankom Dreams Photography afin de se faire shooter comme un pro, constituer son book et publier ses meilleurs clichés à discrétion.
5- Voyager léger… Ces temps-ci, un des combles du snobisme consiste à laisser son linge et sa garde-robe estivale à blanchir dans les hôtels où l’on séjourne souvent pour voyager plus léger. Le snob les restituera immaculés lors de son prochain séjour dans des établissements réputés ou dans de «petits» hôtels de charme dont l’adresse restera confidentielle. Après les parures de lit brodées à son chiffre proposées dans les hôtels Peninsula, ce service, fourni via l’appli Packnada, ramène aux bons vieux temps de ce souverain d’Égypte qui, lors de ses séjours parisiens, renvoyait son linge à nettoyer au Caire dans des malles Vuitton réalisées sur mesure à cet usage.
6- Choisir des lieux de vacances aux antipodes de Monsieur Tout-Le-Monde… Tandis que le commun des mortels migre vers les Cyclades (du déjà-vu), le petit snobinard mise sur la Grèce, mais côté nord, là où vont les autochtones, direction la côte de Chalcidique et ses 500 kilomètres de plages édéniques. Dans ce coin, il y a peu de monde (c’est souhaité d’ailleurs). Out la location de la belle villa façon esprit de famille. Le snob préfère se la couler douce au Sani Resort, complexe haut de gamme construit sur une réserve écolo. En fait, il cherche la rareté et précède les tendances.
Marianne Saradar Barakat