«On dirait ta mère.» C’est étrange comme cette simple phrase peut être mal reçue. Et pourtant, rien de bien étonnant. Nous ressemblons forcément à notre mère, au moins un peu. Pour certaines personnes, c’est flagrant, le regard, l’allure, la façon de parler, le caractère, tout fait penser à elle. Pour d’autres, la ressemblance est plus subtile, plus discrète. Elle s’affiche au détour d’une émotion forte, dans une petite habitude inconsciente, dans des sourcils froncés ou dans une ride d’expression.
Dans quelle mesure le patrimoine génétique de notre mère influence notre apparence et notre carrière? Pourquoi avons-nous si peur de lui ressembler?
L’héritage du père est plus important
Génétiquement, les mammifères ressemblent plus à leur père qu’à leur mère, c’est la conclusion de l’étude conduite par le professeur Fernando Pardo-Manuel de Villena de l’Université de Caroline du Nord aux États-Unis, publiée en mars 2015. Si nous recevons autant de matériel génétique de la part de nos deux parents, il semblerait que les mutations génétiques transmises par le père s’expriment plus fortement que celles transmises par la mère.
«95 gènes sont concernés par ce jeu d’influence, explique l’étude. On les appelle les gènes soumis à empreinte, ils peuvent jouer un rôle dans le développement ou non de telle ou telle maladie (comme le diabète, les maladies cardiaques, la schizophrénie ou les cancers), en fonction du fait que la mutation génétique vient du père ou de la mère.»
Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs avaient sélectionné trois espèces de souris qui appartenaient à des sous-espèces de rongeurs élevées dans différentes parties du monde. Des croisements ont été réalisés et l’ADN des souris croisées parvenues à l’âge adulte a ainsi été étudié.
Nous ne sommes pas des clones
Il suffit de comparer combien des membres d’une même fratrie peuvent être différents pour s’apercevoir que l’héritage génétique et l’éducation des parents ne sont pas les seuls critères pour forger une personnalité, l’environnement y est aussi pour beaucoup: on peut donc partager les mêmes gènes et avoir une personnalité aux antipodes.
La personnalité de chaque individu serait plutôt de l’ordre de l’acquis que de l’inné. Des chercheurs de l’Université d’Exeter et de l’Université d’Hambourg ont ainsi montré que les traits de personnalité des enfants adoptés étaient plus influencés par leur famille d’accueil et par leur environnement que par le patrimoine génétique transmis par leurs parents biologiques. Si vous partagez certains traits du caractère de votre mère, ce n’est pas forcément héréditaire mais c’est aussi parce que vous l’avez vue faire.
Peur de leur ressembler ou peur de vieillir?
Des chercheurs ont prouvé qu’une mère et sa fille vont vieillir de la même manière. Si vous détestez les rides de votre maman, il va donc falloir vous y faire… En scannant les visages de plusieurs couples mère/fille, ils ont constaté que la peau, notamment autour des yeux, était semblable au niveau de la perte d’élasticité. Cette similarité était plus apparente lorsque la fille était dans la trentaine avancée. Matthew Camp et ses collègues ont examiné des mères et leurs filles qui se ressemble, âgées de 15 à 90 ans, grâce à des modélisations en 3D. Au niveau des yeux, ils ont trouvé que les rides et l’affaissement de la peau se faisaient de la même manière.