N’y allons pas par quatre chemins et osons le dire: mentir ferait partie de ces comportements profondément ancrés en chacun de nous. Nous déguisons tous la vérité – dans une mesure plus ou moins grande – et gardons certains secrets et réalités cachés!
Faut-il diaboliser le mensonge, sachant qu’il ne fait pas partie des 7 péchés capitaux?
Le Mensonge avec un grand M serait peut-être vital, tout au moins nécessaire. C’est selon. Et c’est peut-être bien la raison pour laquelle le «pieux» mensonge a vu le jour. Il serait sacré. De l’enfant qui fait semblant de pleurer pour attirer l’attention de ses parents, aux escrocs – tels que Bernard Madoff – à tout âge et à toute échelle, le mensonge fait partie de nos vies. Mais d’où vient cette impulsion de tromper ou de cacher la vérité? Selon des études scientifiques, des étrangers échangent environ 300 mensonges pendant les dix premières minutes au cours desquelles ils font connaissance! Les chercheurs affirment également que nous mentons entre 100 et 200 fois par jour… Incroyable? Non. Bien qu’impressionnant, ce chiffre n’est pas si surprenant quand on sait que les mensonges constituent un pont entre nos fantasmes, à savoir ce que nous souhaitons être, et ce que nous sommes vraiment. En inventant certains faits sur nous-mêmes, nous pensons que ce que nous racontons peut nous rendre plus estimables aux yeux d’autrui. Détail important: une égalité règne entre hommes et femmes à ce sujet. Toutefois, les hommes ont tendance à jouer la comédie pour présenter une meilleure image d’eux-mêmes tandis que les filles d’Ève se distinguent par des mensonges plutôt altruistes. À vérifier!
La psychologie a son mot à dire
Dire la vérité peut être une affaire très subjective. Devant un événement, on peut évoquer plusieurs perceptions de la réalité, sans que la vérité ne soit entachée, parce que les témoins dans ce cas-là sont généralement de bonne foi et sincères. Mais il arrive que la vérité soit maltraitée, lorsqu’il y a une intention consciente de modifier la réalité pour arriver à des fins plus dignes. Qu’en est-il donc de notre rapport à la vérité et, surtout, à son antithèse: le mensonge?
Bleu…
Le mensonge bleu, bleu ciel (nuance!) est celui dont on use pour faire du bien. Il se veut innocent. On le prononce sans culpabilité ou presque, parfois allègrement, il se veut parfois ludique. Il ne fait généralement pas de mal à la personne qui découvre la vérité plus tard. Le mythe du Père Noël fait partie de cette catégorie d’affabulation. Lorsqu’en grandissant, l’enfant finit par découvrir la vérité, sa déception est souvent éphémère. Il lui reste, le plus souvent, une impression de magie en cette période de l’année. L’innocuité de cette invention est telle que la majorité des adultes perpétuent la légende! Le mensonge bleu se veut aussi flatteur à ses heures. Chez l’adulte, il est alors pardonnable aussi car, en vérité, il se produit dans la complicité tacite des interlocuteurs. La tromperie est le fait de l’un, mais l’autre choisit, complaisamment, d’y croire ou du moins de fermer les yeux… «Oui, la petite blonde est assez jolie, mais je préfère les brunes comme toi.» Ah! Bleu, l’amour est bleu lui aussi.
Blanc…
Tous les mensonges ne sont pas destructeurs, semble-t-il. Celui-ci permet d’arrondir les angles et d’éviter les guerres froides ou déclarées. Certains sont même nécessaires. Ainsi en est-il du mensonge blanc ou pieux. Celui que l’on commet pour protéger, pour éviter de blesser, ou encore, par manque de courage: «Je n’ai pas osé lui dire… Il le saura bien assez vite.» Dans ce dernier cas, on cherche davantage à se préserver plutôt qu’à ménager l’autre, on préfère éviter sa réaction. Mais, généralement, le mensonge blanc blesse quand on le découvre. Nuisible et souvent inutile, la vérité qu’il cherche à dissimuler fera mal de toute façon quand elle sera dévoilée. Mais encore, il transmet indirectement à l’autre la piètre opinion qu’on a de ses capacités à affronter la réalité. Il ébranle la confiance qu’on a envers l’autre: «Pourquoi ne me l’as-tu pas dit? J’aurais préféré connaître la vérité tout de suite. Que me caches-tu encore?» Il peut heureusement être pardonné car, malgré tous les dommages qu’il cause, son intention n’est au fond pas si malveillante. Il devient blanc immaculé dans des cas anodins comme, par exemple, lorsque nous recevons un cadeau que nous n’aimons pas, et que nous nous taisons pour éviter de froisser la personne qui a voulu nous faire plaisir. Exemple poignant de mensonge blanc: le film «La vie est belle» dans lequel, en plein Holocauste, le père fait croire à son jeune fils que toutes les personnes présentes dans le camp de concentration participent à un jeu amusant, l’idée étant de le protéger de la souffrance et de la laideur. Certains secrets, quant à eux, peuvent également être maintenus pour éviter de détruire la réputation d’une personne ou de divulguer des informations douloureuses. C’est le cas, par exemple, d’une mère qui épargne à ses enfants des détails sur les conflits au sein de son couple.
Rouge…
Rouge danger. Ce mensonge pourpre est fait par duplicité, par égoïsme ou par méchanceté pure. Il démolit des relations, a des odeurs de trahison, avec une perte de confiance quasi irréversible. Il peut ronger de remords celui qui l’a commis et finit toujours par rattraper son auteur sans scrupules.
Marianne Saradar Barakat
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