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Réouverture du Musée Sursock

Réouverture du Musée Sursock Milad Ayoub.

L’art moderne et contemporain

trouve son nouvel écrin


Après sept années d’un vaste chantier de rénovation, le musée Nicolas Ibrahim Sursock réouvrira enfin ses portes au public le 1er octobre prochain. Suite aux importants travaux d’extension et d’aménagement, cette véritable merveille architecturale dispose désormais de plus de 8 000 m2 entièrement dédiés à l’art moderne et contemporain. L’espace s’est élargi et les horizons aussi. Se destinant toujours à l’exposition et la valorisation des œuvres artistiques marquantes et influentes de notre époque, ces nouveaux lieux incarneront dorénavant un véritable pôle d’attraction culturel. Un lieu de rencontre ouvert aux innovations et aux thématiques de notre société actuelle.

 

Histoire
Grand collectionneur et féru d’art, c’est naturellement que Nicolas Sursock lègue en 1952 son somptueux manoir à la ville de Beyrouth afin qu’il devienne un musée. La demeure monumentale construite en 1912 dans un style architectural combinant les influences ottomanes et vénitiennes constitue déjà un lieu propice à l’effervescence artistique. Transformé en palais d’hôtes durant une dizaine d’années, c’est en 1961 que le Musée Nicolas Sursock ouvre officiellement ses portes avec une manifestation de grande envergure: le Salon d’Automne de Beyrouth auquel participent des artistes majeurs tels que Salwa Raouda Choucair, Etel Adnan, Michel Basbous, Paul Guiragossian, Elie Kanaan et bien d’autres.
Devenu un événement emblématique du paysage culturel libanais, il acquiert au fil des ans des œuvres qui témoignent de l’évolution prolifique des Beaux-Arts au Liban. Le Musée célèbre aussi l’art contemporain venu d’ailleurs et organise notamment des expositions de tapis orientaux, de sculptures et dessins de Rodin, de gravures japonaises, d’aquarelles et dessins issus des arts modernes britanniques et belges. Scène prestigieuse et incontournable de la création artistique contemporaine, le Musée est resté ouvert durant quasiment toute la guerre civile.
En 2008, le Comité général présidé à l’époque par Ghassan Tuéni se lance dans un immense projet de rénovation avec pour ambition de faire du Musée Nicolas Ibrahim Sursock une institution adaptée aux besoins de l’art actuel et à la fine pointe de la technologie du XXIème siècle.
Les travaux de rénovation, d’extension et d’aménagement muséographique menés par les architectes Jean-Michel Wilmotte et Jacques Aboukhaled ont donc été réalisés dans le respect du bâtiment d’origine tout en lui conférant une seconde jeunesse, unissant par là même Histoire et modernité. Ainsi, la superficie de base est quintuplée et 4 étages en sous-sol créés afin d’étendre les activités du Musée et de mettre davantage en valeur l’art sous toutes ses formes.

Visite guidée
Le nouveau visage du Musée s’illustre dès l’enceinte des jardins avec le bâtiment récemment construit où se situent le café et la librairie-boutique. Ce bâtiment en béton et verre, tout en transparence, s’intègre harmonieusement dans l’environnement naturel des jardins ponctués de sculptures d’art moderne.

Le côté visible de l’iceberg
Si la façade monumentale du Musée constitue en elle-même une œuvre d’art, c’est réellement à l’intérieur que l’on mesure l’ampleur des travaux effectués. Les visiteurs seront accueillis et guidés par une entrée sous le perron en rez-de-jardin contenant une première surface d’exposition réservée à la promotion en solo d’artistes émergents. Ce passage obligé donne également accès aux différents étages et notamment au premier où l’on pourra apprécier le bureau de Nicolas Sursock conservé pratiquement en l’état ainsi que le salon arabe orné de précieuses boiseries de Damas, au centre duquel trône un imposant vase omeyyade. Le grand soin accordé à la décoration de ces pièces témoigne non seulement des origines aristocratiques du propriétaire mais aussi de son affection pour le raffiné et le beau.
Située au deuxième étage, la grande salle d’exposition de 400 m² a été remodelée et équipée d’un nouveau système d’éclairage. Les architectes ont fait en sorte que les configurations demeurent variables avec des cloisons mobiles qui pivotent, coulissent, se rangent librement pour créer des zones fermées ou ouvertes, modulables pour permettre à l’espace de s’adapter aux exigences spécifiques des accrochages.

Partie inférieure, en immersion
Au premier sous-sol, le hall central à double volume est relié directement par une passerelle en verre à la bibliothèque-médiathèque qui propose la consultation de documents imprimés, audiovisuels et électroniques, en matière d’histoire de l’art et ce à l’intention d’un public varié: universitaires, professionnels, grand public. La médiathèque qui met à disposition un large choix d’ouvrages sur les arts conserve également de précieux documents tels que photographies, archives et documentation des collections.
Le second sous-sol quant à lui bénéficie grâce à la mezzanine d’une impressionnante hauteur sous plafond. Cet espace d’exposition de 800 m² est étonnamment baigné de lumière, puisant son éclairage naturel des six verrières incorporées dans le dessin du jardin. C’est ici que se tiendront les expositions thématiques laissant la place aux artistes locaux aussi bien qu’internationaux. Elles seront organisées trois fois par an.
Dans le prolongement de la salle d’exposition, un amphithéâtre multifonctionnel a été pensé et conçu afin d’accueillir 164 personnes assises pour des conférences ou même des concerts, l’acoustique ayant été étudiée et conçue à cet effet. Cet auditorium rend ainsi possible une infinité de manifestations telles que des projections de films, des tables rondes et débats avec des artistes, architectes et chercheurs de différentes disciplines.
Enfin, les troisième et quatrième sous-sols inaccessibles au public sont occupés par les dépôts de réserve, les ateliers de restauration et les locaux techniques indispensables au bon fonctionnement des activités du Musée.

Au programme de la réouverture du Musée l’exposition intitulée «Regards sur Beyrouth: 160 ans d’images» qui célébrera la ville de Beyrouth à travers un regard géo-historique couvrant la période de 1800 à 1960. Sylvia Ajémian, commissaire de l’exposition, a tenu à mettre à l’honneur d’importantes collections privées libanaises qui expriment leur amour et leur nostalgie d’un temps révolu. On a simplement hâte de découvrir ces œuvres.

Vanessa Madi

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