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L’étoile filante


C’est l’histoire d’une amitié fœtale, née dans un liquide amniotique familier avant d’être interrompue par la vie. L’étoile filante a croisé les chemins de votre adolescence. Vous faisiez partie du même groupe d’amis et vous vous croisiez sans jamais vraiment échanger. Vous vous connaissiez depuis (presque) toujours, mais superficiellement.

Les années ont passé et vous vous êtes retrouvées sur la Toile, comme presque tout ce monde en mode WiFi. De commentaires en sourires, le courant passe très fort entre vous. En sus, vous êtes toutes les deux des fermières si assidues que vous grignotez sur vos heures de sommeil un temps précieux à récolter vos semailles, planter, décorer, nourrir vos animaux et surtout monter en grade. C’était l’époque bénie de FarmVille, celle qui tissera votre amitié sur des champs de blé virtuellement plantés. Bien sûr, vous vous promettez de déjeuner un jour en tête-à-tête, et le temps passe… C’est finalement en bousculant vos emplois du temps surchargés que vous vous retrouvez autour d’un café improvisé.

L’étoile filante est fine, intelligente, élégante et surtout authentique. Vous vous confiez l’une à l’autre comme des amies de toujours, en toute confiance. Vous percez surtout votre «screen saver», en vous découvrant comme vous l’êtes vraiment, sans fioritures, et sans aucune volonté de crâner, ou de jouer la comédie d’un bonheur affiché mais mis souvent en (grand) péril. Vous êtes ravie que l’étoile filante fasse partie de votre vie: elle prolonge en quelque sorte votre adolescence et apporte avec elle la fraîcheur et l’innocence d’un temps révolu. Votre complicité sur la Toile (et ailleurs) devient évidente. Vous nagez dans le bonheur utopique de cette seconde chance qui a remis cette précieuse amie sur votre chemin de vie. C’était sans compter l’intervention occulte de défaiseurs de destins qui l’embobineront en un tour de main et l’emmèneront vers des rivages lointains, là où votre balise de sauvetage n’a aucune chance d’accès sans couler. Vous tentez de lui passer moult messages déguisés. Rien n’y fera. L’étoile filante est sous l’emprise d’un sortilège qui la manipule comme une marionnette. Et vous êtes vous-même dans une situation qui vous empêche de divulguer certaines vérités qui déstabiliseraient irrémédiablement votre vie. Vous lui envoyez des messages subliminaux. Mais rien à faire. On vous a diabolisée à ses yeux. Pour quelqu’une de méfiante et de fragile comme elle, faire confiance est un suicide en soi. Alors elle prend ses distances tout en vous assurant que votre place dans son cœur est toujours la même. Mais elle n’est plus jamais disponible, même pas pour un café. Ni pour délirer sur votre passion commune: les sacs toutes tailles confondues. Il faut dire que l’endoctrinement dont elle a fait l’objet est digne de celui que l’on pratique dans les sectes. Un lavage de cerveau en bonne et due forme. De longs mois, voire des années se sont écoulés depuis. Et même si vous vous êtes fait une raison et que vous avez fini par baisser les bras, des relents de nostalgie de cette amitié brisée – par autrui – dans l’œuf vous reprennent souvent aux tripes. Alors qu’importent les menaces sourdes qui vous ont empêchée jusque-là de la regarder droit dans les yeux et de lui raconter la vérité (des autres) en face, sans ciller, tout en lui dévoilant dans le tas l’épée de Damoclès qui vous scelle le bec, vous avez décidé de céder à cette envie irrépressible de jouer le tout pour le tout.

Quitte à ce que l’étoile filante reparte vers son firmament duquel vous êtes exclue et qu’elle se referme comme une huître. Mais l’important pour vous, c’est que vous vous sentiez délestée d’un poids énorme: celui d’avoir été un simple dommage collatéral dans une partie d’échecs où la tour que vous étiez dérangeait les desseins d’un roi reconverti en Raspoutine…

 


B.I.

 
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Editorial

Pas d’eau, pas de lumière, pas d’oxygène

Avec ses 2000 sources et ses 40 cours d’eau dont 16 fleuves, le Liban est (plutôt était) connu pour être un pays béni des dieux en matière de ressources hydrauliques. À un point tel qu’on l’avait surnommé “le château d’eau du Moyen-Orient”. Mais hélas! Autre temps, autres mœurs!