Une première dans la région MENA
Les cas d’infertilité féminine se multiplient et les laboratoires de recherches médicales tentent continuellement de trouver des solutions pour permettre aux femmes concernées de combler leur vœu le plus cher, soit avoir un enfant. Aujourd’hui une technique innovante vient d’être mise au point à l’Université de Gothenburg en Suède, il s’agit d’une greffe de l’utérus.
Un accord exclusif pour la région MENA et la Turquie a été signé entre cette université et Bellevue Medical Center (BMC) au Liban.
Éclairage avec le Docteur Randa Akouri et le Professeur Mats Brännström.
Qui sont les candidates auxquelles s’adresse cette nouvelle technique?
La greffe représente une solution pour les femmes qui ont dû subir une hystérectomie, ou qui sont nées sans utérus et qui désirent avoir une grossesse normale. Les demandeuses sont soumises à un protocole complexe incluant de nombreuses évaluations médicales et psychologiques. Les critères de base sont: avoir entre 18 et
38 ans, et de bons ovules. Pour cela, une IVF est préalablement effectuée pour évaluer la qualité des ovules.
La sélection des donneuses?
La donneuse, vivante, est âgée de préférence entre 18 et 40 ans, et ne doit pas avoir plus de 60 ans. C’est idéalement une parente à la candidate, même éloignée, pour une meilleure compatibilité des organes. Toutefois, une intervention a été faite entre une jeune candidate et une donneuse de 61 ans, non liées par un lien de parenté, et la greffe a parfaitement réussi.
Comment se pratique l’intervention?
Une IVF est pratiquée sur la candidate pour s’assurer de la bonne qualité des œufs, avant de prélever le sperme du futur père. Œufs et spermes qui vont former des embryons sont congelés et on en sélectionne entre 6 et 8.
Au jour J, et dans la même journée, la candidate recevra la greffe. Les médecins attendent une année, pour s’assurer qu’il n’y a pas de rejet ni de complications post greffe. Ils administrent à la candidate des médicaments anti-rejets et la soumettent à des scans cervicaux… Si tout se déroule parfaitement, au bout d’un an, le cycle de règles reprend et l’utérus aura bien récupéré. Les médecins inoculent alors à la candidate un des embryons préalablement congelés. Il y a de fortes chances que la démarche réussisse dès la première tentative. Sinon, les médecins poursuivent leurs essais jusqu’à ce que l’opération réussisse et cela sans délai d’attente entre une tentative d’insémination et l’autre. L’accouchement se fait par césarienne.
Quelles sont les chances de réussite?
C’est rare que cela ne fonctionne pas. Nous avons pratiqué la première intervention en 2013 et le premier accouchement a eu lieu en septembre 2014. Jusqu’à ce jour, nous avons procédé à 7 transplantations d’utérus en Suède avec 5 grossesses enregistrées et 4 bébés nés en pleine forme.
Combien de temps la candidate peut-elle garder l’utérus greffé?
Entre 5 à 7 ans. Cela lui donne aussi la possibilité de contracter d’autres grossesses. Le but en général étant d’avoir 1 à 2 grossesses. Étant donné que la candidate doit prendre des médicaments suppresseurs anti-rejets qui peuvent avoir des effets secondaires, on ne garde pas la greffe plus de 10 ans.
Des contre-indications à signaler?
Les traitements suppresseurs peuvent réduire l’activité des reins mais, une fois les médicaments arrêtés, les reins se remettent à fonctionner normalement. Il y a aussi un risque de développer un cancer de la peau, au cas où la prise des médicaments dépasse les dix ans.
Est-ce coûteux?
Oui, certainement, la greffe nécessite une batterie de tests et la mobilisation de plusieurs équipes médicales, sans oublier les prix des médicaments…
Quid de l’aspect éthique?
L’intervention s’inscrit dans le cadre éthique en ce sens qu’elle n’a aucun aspect commercial étant donné que la donneuse fait partie de la famille en général. De plus, elle donne la chance à la candidate de connaître les joies de la grossesse et de l’accouchement naturels.
E.T.